Pierre Ippolito : Patrona

Pierre Ippolito : Patronat et gouvernement d’accord sur le constat, pas sur les moyens

Le président de l’UPE06 a jugé les discours de Patrick Martin et d’Élisabeth Borne « assez pragmatiques », retrouvant dans les deux «  l’esprit du discours d’Emmanuel Macron en préambule qui parlait d’unité  ». «  Ils sont tombés d’accord sur le constat même s’ils ne sont pas d’accord sur tous les moyens d’y arriver. Ce que je retiens, c’est que le gouvernement reste pro-business et c’est un point important pour tout entrepreneur mais je retiens également des promesses qui ne seront pas tenues », a-t-il complété en faisant référence à la suppression de la CVAE, qui n’interviendra pas en 2024 mais plutôt en 2027.

"On rajoute des aides mais on voit que cela ne marche pas"

« Le calendrier initial qui avait été reporté une première fois sera reporté une deuxième fois. (Supprimer la CVAE) n’est pas un cadeau, c’est un investissement. Et accessoirement, c’est pour compenser le gros retard qu’on a en Europe. Il y a déjà eu 50 % (de supprimé) mais plus que le montant, c’est la symbolique. Emmanuel Macron a dit dans son discours d’ouverture qu’il tenait ses engagements. Force est de constater que ce n’est pas toujours le cas », a relevé Pierre Ippolito. « Pour des entreprises industrielles avec des grosses surfaces foncières et qui ont beaucoup de valeur ajoutée, (la CVAE) peut représenter des centaines de milliers d’euros. Pour une PME, cela peut représenter entre 1 000 et 15 000 euros par an. Ce n’est pas négligeable ».

Au sujet des excédents de l’Unédic, il aurait préféré « une réduction de charges, une création d’emplois, une augmentation de salaires ou de pouvoir d’achat » plutôt que de nouvelles aides pour l’emploi. « C’est typiquement français. Quand on a un problème, on rajoute des aides mais on voit que cela ne marche pas, depuis 50 ans. C’est en rajoutant des aides que l’on a des prélèvements qui sont énormes par rapport à nos voisins européens. Quand une entreprise a un problème, elle ne cherche pas tout le temps à augmenter les dépenses pour régler le problème. Elle va regarder dans sa globalité comment elle peut faire des économies, réallouer des budgets, investir ou se réorganiser. Mettre des moyens en place en plus, dans notre système français cela veut dire alourdir l’administration parce que pour utiliser ces moyens il faut des contrôles donc on va encore mettre des réglementations supplémentaires. On alourdit le millefeuille administratif, pour les entreprises et pour l’État », a-t-il regretté.

« Haut de gamme »

La délégation UPE06 pour cette édition 2023 ©S.G

De cette REF 2023, Pierre Ippolito retient «  une bonne dynamique », « une bonne fréquentation » (10 000 visiteurs) et « des entrepreneurs assez optimistes ». Il a également mis en avant le niveau « toujours haut de gamme des intervenants », avec «  encore de nombreux ministres, ce qui montre l’importance de cette manifestation, qui devient quasiment régalienne dans l’économie française ». S’il reconnaît qu’il y ait eu finalement peu d’annonces du côté du gouvernement, il se réjouit qu’il ait été question d’Europe au cours de cette REF. « On comprend enfin l’importance de l’Europe. Patrick Martin a mis en place un vice-président en charge de l’Europe (Fabrice Le Saché), c’est quand même une première. Il y a beaucoup de décisions stratégiques qui se prennent au niveau de l’Europe et on a une vraie opportunité de s’intéresser aux élections européennes (qui auront lieu en 2024), au moins sur le volet économique. Je sais que le MEDEF a préparé un livre de propositions en amont de la campagne pour que toutes les formations politiques soient sensibilisées. On aura une plateforme d’échanges entre territoires et le bureau central pour être fluides lors des remontées. Il y a aussi un vrai sujet avec les parlementaires locaux où il faut qu’on ait des liens beaucoup plus proches ».

Photo de Une (détail) ©S.G

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