Pourquoi je refuserai

Pourquoi je refuserai Matignon si on me le demande...

- "Imaginez-vous le général de Gaulle mis en examen ?". Cette petite phrase que François Fillon doit bien regretter rétrospectivement est sans doute présente chaque jour, chaque heure et chaque minute dans l’esprit d’Édouard Philippe.
Il sait que s’accumulent les plaintes contre son action, contre ses décisions. Elles viennent des professions de santé, des familles de victimes du Covid dans les EHPAD, de tous les horizons. Il sait qu’il devra sûrement un jour répondre devant la Cour de Justice de la République.
Responsable, pas forcément coupable, pour reprendre la formule, mais avec une épée de Damoclès au dessus de la tête. Le moment est à l’action, pas aux états d’âme, mais pour le Premier ministre la situation est inconfortable. En l’état de nos connaissances fluctuantes sur le virus, et sans boule de cristal, comment être sûr de faire à tous moments les bons choix ? La barre des 25 000 morts vient d’être franchie dans notre pays. Alors que dans les couloirs du pouvoir bruissent les rumeurs d’un remaniement, on ne me l’a pas demandé, et cela tombe bien : en règle générale, je ne voudrais pas être
Premier ministre, et surtout en ce moment…

-  Dès avant le déconfinement, la grande distribution dispose donc des masques qui nous font défaut depuis deux mois. Cela signifie qu’elle a été plus “agile“ - pour utiliser un mot à la mode - que notre État dont les responsables ont souvent annoncé des commandes qui ont tardé à venir.
On nous explique que des stocks n’ont pas été constitués pour être "libérés" maintenant, par la magie de la date du 11 mai. Ce qui est certain, c’est qu’ils ne sont pas vendus forcément au "juste prix" à en croire une enquête d’un journaliste de 60 Millions de consommateurs. Les tarifs ont été multipliés par dix environ par rapport à la période d’avant crise. La faute aux fabricants et aux frais logistiques pour les faire venir de Chine. De bonnes raisons pour relocaliser en France et en Europe l’industrie "stratégique" comme celle du
médicament, non ?

- Il y aura donc un débat parlementaire sur l’application StopCovid, et c’est tant mieux. S’il ne rassurera pas des Gaulois par principe réfractaires, l’enjeu est trop important pour la sécurité sanitaire mais aussi pour les libertés individuelles. À l’heure d’un choix cornélien, autant que tout soit mis sur la table...

J.-M. CHEVALIER

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