Rencontre avec Roger-Yves

Rencontre avec Roger-Yves Pelletret, PDG d’Interbat Services

Un regard sur le parcours de Roger-Yves Pelletret et on s’aperçoit vite que la recherche et l’innovation sont les fils rouges de son parcours. Rencontre.

C’est assez loin des marchés publics et de l’informatique que se situe au départ le cœur de ses ambitions et de sa formation initiale. De culture scientifique, cet ingénieur et docteur en physique a débuté sa carrière comme chercheur. Il passe entre autres par le CNRS et intègrera en 1984 le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) à Sophia Antipolis. Il fera 20 ans de carrière dans cet Etablissement Public à caractère industriel et commercial, dont l’antenne sophipolitaine est spécialisée dans les énergies renouvelables… et l’informatique.

« En 1995, le gouvernement de l’époque songeait déjà à trouver des voies d’amélioration de l’efficacité de ses services et nous avait interrogé […] pour savoir ce qui pouvait être fait en matière de modernisation de certains processus », rappelle M. Pelletret. « Nous avions proposé un programme expérimental déjà à l’époque, qui s’appelait SAOMAP (Serveur d’Appels d’Offres pour les Marchés Publics). Il a existé dès l’année 1999. C’était le tout premier serveur d’appels d’offres jamais mis au point dans le monde, qui délivrait des dossiers de consultation dématérialisés alors même que le code des marchés publics ne le permettait pas. C’était donc à titre expérimental que la Direction départementale de l’équipement des Alpes-Maritimes a été une pionnière mondiale dans l’utilisation de la dématérialisation à la fin des années 90. […] En 2001, la décision a été finalement prise de donner la possibilité légale à l’ensemble des collectivités locales de dématérialiser si elles le souhaitaient. »

Dans ce même temps, il a été amené à s’occuper d’une société – Interbat – à la demande du Président du CSTB. En 2002, il en prend les commandes de façon officielle. C’est à ce moment-là que l’entreprise devient Société Anonyme et étend son nom en devenant Interbat Services, « avec l’objectif de proposer des services aux professionnels du bâtiment et aux collectivités locales », explique-t-il : « comme j’étais spécialiste de la dématérialisation des marchés publics, tout naturellement, j’ai redéveloppé au sein de cette société un grand service de dématérialisation des marchés publics dédié à toutes les collectivités locales de France. »

La recherche au cœur de ses aspirations

Roger-Yves Pelletret a fondé en 1997 l’association IBPSA France, qui a pour objectif de diffuser dans le milieu professionnel des outils informatiques puissants issus de la recherche. Il sera par la suite nommé Président d’IBPSA World (International Building Performance Simulation Association).

« On a pu faire des choses extraordinaires, qui sont toujours d’actualité. Une université américaine de Madison dans le Michigan, avait dans les années 70 sorti un logiciel révolutionnaire qui s’appelait TRNSYS : il arrivait à calculer le comportement transitoire [dynamique] d’un bâtiment par rapport aux problèmes énergétiques sur toute une année, sur une décennie s’il le fallait, mais il était extrêmement compliqué à utiliser. Il était réservé à des chercheurs. Quand en tant que jeune chercheur, j’ai commencé à utiliser ce logiciel, je lui ai trouvé des vertus fantastiques. Il était dommage que ce logiciel si complet ne soit utilisé que par 12 personnes dans le monde… », se rappelle-t-il.
Une réflexion a donc été engagée pour créer une interface homme-machine qui permettrait à des bureaux d’études, sans qu’ils aient à apprendre une mécanique compliquée d’usage, à utiliser à partir de plans d’architectes ce logiciel de calcul.
« Pendant des années, une des tâches pour mon équipe et moi a été de développer cette interface et de convaincre nos partenaires américains, et par la suite allemands, d’utiliser notre interface plutôt que celle qu’ils avaient à l’époque : ça a été un succès. Aujourd’hui, ce logiciel est une joint venture américaine-allemande-française qui comporte une partie française (toute l’interface homme-machine), utilisée dans le monde entier, dans les bureaux d’études de tous les pays, y compris au Japon. C’est un des rares exemples d’export au Japon. Cette interface est produite, toujours aujourd’hui à Sophia Antipolis par mon ancienne équipe, par le CSTB qui a repris le flambeau et a continué le développement. »

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