Responsabilités éthiques dans la crise du Covid-19 : le Club Ethic €co des Experts Comptables signe son retour

Concilier libertés individuelles et bien commun ? 

Durant la crise de nombreuses questions éthiques portant sur les responsabilités de chacun ont été posées, mais pour Jean-François Mattei, président de l’Académie Nationale de Médecine, une question a été primordiale : "Comment se comporter pour respecter les libertés individuelles tout en préservant le bien commun ? Les réponses ne sont pas simples à déterminer ."
En effet, comment protéger toute la population ? Comment déconfiner les personnes malades ? Comment organiser le retour des enfants à l’école ? Comment déconfiner les personnes âgées et celles résidant dans les EHPAD ? "Il est difficile de respecter les libertés individuelles de chacun tout en voulant protéger le plus grand nombre. L’intérêt commun a résidé en un point, celui d’éviter la propagation du virus et c’est ce qu’a permis le confinement  » explique le spécialiste.

La responsabilité des politiciens

Les politiques ont dû faire face à de nombreuses responsabilités pour surmonter cet ennemi commun, invisible et inconnu. Il est parfois difficile de prendre des décisions mais les animateurs du live s’accordent pour dire que certaines décisions ont été inacceptables « certains élus se sont prononcés sur des sujets qu’ils ne maitrisent pas, c’est inconcevable, indique Philippe Berta, député de la 6ème circonscription du Gard, pour ma part, si je ne sais pas, je ne prends pas position, je ne m’exprime pas si je n’ai pas le substrat ni les argumentaires pour me forger une conviction. Il est inadmissible que certains prennent des décisions ou encore défendent des causes sans en connaître les bases. » Un point de vue partagé par son confrère député Mohamed Laqhila, « un député se doit d’agir en toute connaissance du sujet […] il ne faut pas prendre position sans rien connaître, il faut d’abord écouter parce qu’en effet, les scientifiques et spécialistes ont toujours été là pour donner des conseils aux décideurs. »

La responsabilité des scientifiques

Le président de l’Académie de Médecine émet tout de même une légère objection, « durant la crise, nous avons aussi fait face à une flatterie des égaux, la volonté d’être le premier à trouver un vaccin  » explique Jean-François Mattei. La fameuse question des vaccins est revenue à plusieurs reprises dans l’actualité : faut-il donner à tout le monde un vaccin qui n’a fonctionné que sur une personne ? Où faut-il l’essayer avant ? « Depuis quelques années, nous faisons face à un mouvement anti-vaccinations et anti-médical. Certains médecins n’ont fait qu’alimenter cet esprit anti-scientifique. Maintenant, il va falloir remonter la pente » ajoute l’ancien ministre de la Santé.

La question polémique des vaccins et l’affaire du manque de masques n’ont fait que mettre en avant une problématique qui existe depuis plusieurs années : « La question de la prévention santé a toujours été un problème en France, les budgets consacrés aux recherches scientifiques et à l’apprentissage diminuent. Ce problème n’est pas nouveau et on se rend compte qu’il est toujours d’actualité  » dénonce Philippe Berta qui est député, mais aussi généticien.

La responsabilité, la solidarité citoyenne et professionnelle

La responsabilité et la solidarité citoyenne et professionnelle ont été primordiales pour faire face au Coronavirus. Rester chez soi, porter un masque, respecter les distanciations, etc, ont permis de freiner la propagation du virus. Mais cette responsabilité ne s’arrête pas là : « maintenant, il faut aller plus loin. Les personnels soignants et médecins doivent, pour le bien de leurs patients, se faire dépister et vacciner, cela relève aussi de leurs responsabilités » indique Philippe Berta.

C’est aussi le moment pour ceux qui peuvent aider leurs clients, collègues ou confrères, de le faire. Lionel Canesi, président du Conseil Régional de l’Ordre des Experts-Comptables PACA tient à rappeler le rôle fondamental des experts-comptables dans la reprise d’activité, « en tant qu’experts qui sommes au cœur de l’économie, nous nous devons d’être solidaires professionnellement parlant. C’est-à-dire, solidaires envers nos clients. C’est à nous d’aider les chefs d’entreprise grâce à notre expertise. C’est en aidant les entreprises locales que nous pourront relancer l’économie territoriale. [...] Mon souhait serait qu’on accorde un peu plus d’importance aux experts-comptables qui sont justement là pour aider à travailler sur le rebond.  »
Cette solidarité va même au-delà des citoyens et des entreprises, « nous nous sommes rendus compte que nous étions tous dépendants les uns des autres, y compris au niveau mondial  » explique le député du Gard. «  Il faut pouvoir aller jusqu’à créer une solidarité européenne, car certains pays jouent solo et il faut aider les autres pays du monde, notamment les pays pauvres qui ont besoin de notre savoir et nos compétences » ajoute Mohamed Laqhila avant de clore le débat.