Rusé comme le goupil...

Rusé comme le goupil...

Au pays des renards, où la vie politique était bien sûr teintée de ruse, il était une fois un jeune ministre dont la compétence technique était généralement reconnue mais qui avait bien du mal à se déplacer dans le royaume. La vindicte populaire, tyrannique et sans autre forme de procès, lui reprochait en effet d’avoir croqué toute crue une jeune poulette, ce dont il se défendait. À chaque déplacement ou presque, sa garde rapprochée le tenait éloigné du tohu-bohu de la basse-cour. Cris, caquètements, pancartes à l’apparition du ministre ! "Et la présomption d’innocence ?" répondaient ses amis, devant ce déferlement sur la place publique et les posts accusateurs - sans le moindre début de preuve - sur le réseau "Mongoupil.com". Mais, foi d’animal, la raison et le Droit sont difficiles à faire entendre, surtout lorsqu’il faut attendre le temps de la justice, toujours trop long, pour les justiciables.


Promis, juré, craché : Nicolas Sarkozy ne prépare pas son retour en politique vu qu’il n’est jamais tout à fait parti. On peut donc le croire retiré à jamais des voitures puisque... c’est lui qui le dit. Bon d’accord, il publie un livre de "mémoires" chaque année sur son expérience, ce qui lui permet aussi de flinguer assez large. OK, il parle à l’oreille du président, mais sûrement que de la pluie et du beau temps. Ses amis dissèquent, analysent, soupèsent chacun de ses propos car ils craignent de voir cet animal politique revenir au centre de l’arène. Ils se disent aussi que Sarko n’en a pas tout à fait terminé avec la justice. On se rassure comme on peut.


Au secours, Castaner revient ! L’ancien ministre de l’Intérieur, qui laisse un souvenir mitigé chez les policiers comme chez les manifestant blessés, est pressenti pour remplacer à la rentrée le sémillant Gilles Le Gendre à la présidence du groupe LREM à l’Assemblée. Ce dernier, contesté dans les rangs des Marcheurs, est l’auteur de la petite phrase qui fait encore beaucoup rigoler : "nous avons été probablement trop intelligents" et de quelques autres gaffes. Castaner a donc le profil idoine pour prendre sa place...


Vincent de Moro-Giafferri, Albert Naud, Henri Leclerc, Robert Badinter, Jacques Vergès, Éric Dupond-Moretti et les autres : les grandes voix qui firent trembler les salles de cours d’assises pour défendre les causes les plus difficiles furent souvent celles d’hommes. Parmi tous ces ténors du barreau, une soprano légère par son physique mais une dame de fer pour combattre l’injustice sans avoir jamais peur de ramer à contre-courant d’une société conservatrice. Maître Gisèle Halimi, qui vient de nous quitter, après tant de combats sans concession, était elle aussi une grande voix, mais encore davantage : un exemple faisant honneur à la robe d’avocat.

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