Sarkozy ne lâche rien au JT

Par Jean-Michel Chevalier --
le 4 mars 2021

« Je n’ai rien perdu de mon énergie, j’irai jusqu’au bout ». Au ‘tribunal médiatique‘ devant lequel il a comparu hier en direct au 20 heures de TF1 et sur LCI, Nicolas Sarkozy n’a rien lâché. Il a dit et répété à Gilles Bouleau qu’il est innocent de tout pacte de corruption dans l’affaire qui lui ont valu une condamnation à trois ans de prison dont deux avec sursis. « Il n’y a pas pas un centime (détourné), pas une victime, pas de trouble à l’ordre public : où est la corruption ? » a martelé l’ancien chef de l’Etat qui a dit s’être habitué à subir « un harcèlement depuis dix ans ».

S’il s’est refusé à faire le procès de la justice, il lui a reproché cependant « les moyens considérables mis en œuvre pour absolument trouver quelque chose à me reprocher ». Une sorte de ‘tout ça pour ça’ qui, pour lui, a fait flop, citant l’écoute de ses 4 500 conversations passées sur ses téléphones et les 220 heures devant un juge d’instruction. « J’ai montré ma bonne foi sur tous les points. Ce jugement a été un coup de tonnerre (…) C’est une injustice ». Il a dit qu’il ira « jusqu’au bout » - appel, cassation, cour européenne – pour rétablir le droit.

Peu avant cette interview, le président du Tribunal Judiciaire de Paris avait publié un communiqué – le cas est plutôt rare – à la suite des nombreuses réactions et commentaires publics après la condamnation de Nicolas Sarkozy, dont celles du monde politique qui n’ont pas manqué. Le chef de la juridiction a rappelé que ce jugement a été rendu « par trois juges du siège indépendants après un débat contradictoire » et a appelé au respect de l’institution judiciaire alors que dans ce dossier l’action du Parquet National Financier a été critiquée par certains amis de l’ancien président de la République. Ces derniers y ont vu une instrumentalisation pour l’abattre politiquement.

En fin d’interview, Gilles Bouleau lui a demandé s’il a vraiment tourné la page de la politique alors que l’ancien chef de l’Etat dispose encore de nombreux sympathisants et paraît un recours pour son camp. Réponse affirmative de celui qui, en attendant que ses « affaires » soient purgées, ne pourra de toute façon pas être candidat en 2022. « Je n’ai pas tourné la page de la France » a t-il conclu, ne cachant pas sa volonté de dire ce qu’il pense pendant la prochaine campagne.

Donc il ne fait plus de politique, mais il prendra part dans le débat quand il le voudra, de la place qui est la sienne. On peut donc en déduire qu’il n’en a pas terminé avec cette passion qu’il l’anime, et qu’au sein des Républicains il faudra compter avec lui pour faire (et défaire) les rois.

Sans aucun doute marqué par cette condamnation en premier ressort, mais toujours aussi déterminé et combatif : les téléspectateurs ont vu hier soir du 100% Sarkozy. Il ne lui reste plus qu’à convaincre les juges en allant « jusqu’au bout » dans les différentes affaires qui le concernent.

Photo de Une : capture d’image, DR LCI : Nicolas Sarkozy donne sa vérité aux télespectateurs.