Table ronde Entre-Head :

Table ronde Entre-Head : "Incarner ce que l’on prétend être"

L’association Entre-Head a organisé une nouvelle table ronde jeudi 6 octobre. Le thème, crucial à l’heure des difficultés de recrutement : "Comment fidéliser et attirer les talents ?"

Les derniers chiffres de la Banque de France sont édifiants : 350 000 emplois non pourvus dans le pays, avec 2,9 millions de demandeurs d’emploi, et 57% des entreprises confrontée à des difficultés de recrutement.
Pour tenter d’y faire face, Sophie Palacios, dirigeante du cabinet de recrutement ABP Talents, invite les entreprises à "soigner" leur image mais, surtout, à "incarner" ce qu’elles prétendent être. Spécialiste en recrutements et en bilans de compétences, Sophie Palacios témoigne d’un phénomène récent et inquiétant pour les recruteurs : le "ghosting", qui consiste à voir un candidat ou une personne à peine recrutée disparaître du jour au lendemain.

Les intervenants, réunis autour de l’animateur Bruno Valentin. ©S.G

Autre intervenante de la table ronde organisée à l’hôtel Aston de Nice, avec le soutien de l’association Les Itinéraires, Dominique Alexandre, consultante RH et communication, a rappelé que la "marque employeur" n’est "pas une nouvelle tendance" et qu’il faut beaucoup la travailler. "Qu’avez-vous à offrir aux candidats ? Ils attendent un parcours sur mesure. De notre côté, nous travaillons beaucoup sur la personnalisation des parcours professionnels". Elle a aussi alerté aussi sur l’importance de "soigner les relations" avec tous les candidats lors d’un processus de recrutement car de mauvais commentaires laissés sur des sites de recrutement peuvent nuire très rapidement à la réputation de l’entreprise et dissuader de futurs candidats de postuler.

"Je n’ai jamais connu ça"

Philippe Cannatella, directeur général du groupe Gusto family, propriétaire de plusieurs restaurants à Nice, a fait part de ses difficultés de recrutement : "Je suis un restaurateur usé et vraiment dans le dur comme tous mes confrères restaurateurs et hôteliers. Nous avons 348 CDI dans le groupe, avec un pic estival à 440 personnes. Pourquoi la gestion de la main d’œuvre est-elle importante pour moi ? Dans l’hôtellerie-restauration, en général, la main d’œuvre représente entre 32 à 40% du chiffre d’affaires. Aujourd’hui, on en est à 44%. C’est énorme, je n’ai jamais connu ça. Depuis 2018, on essaie de gérer notre marque employeur, ce qui passe par un gros budget communication. La société a changé, il faut arriver à comprendre ce que cherchent les jeunes et comment arriver à les attirer. Ce n’est pas simple et cela passe par l’image. Il faut que cela marche ensuite sur le terrain".

"Un engagement avec les salariés"

Me Hubert Evrard, avocat spécialisé en droit des affaires et droit des sociétés, s’est lui penché sur le PEE, plan d’épargne entreprise, "sous-utilisé". "Ce produit est assez ancien puisqu’il a été créé en 1967. Aujourd’hui, il y a 3,1 ou 3,2 millions d’entreprises en France et selon les statistiques de l’Insee, on comptabilise à peine 340 000 PEE en France. Pourquoi ? Parce que ces produits ont été rendus obligatoires selon la taille de l’entreprise, en général pour les entreprises de 250 salariés mais ce produit est aussi utilisable par les TPE et les PME. Il faut par contre bien l’expliquer, bien le présenter parce qu’il peut être source d’incompréhensions ou de difficultés", a souligné Me Evrard avant de préciser que l’utilisation du PEE a "été un peu brouillée par la prime Macron". "Compte tenu des sommes qui sont assez faibles dans le PEE, à la base, beaucoup de chefs d’entreprise se sont tournés vers la prime Macron. Mais la prime Macron permet moins de fidéliser et de motiver. On a besoin de signer un engagement avec les salariés".

Photo de Une : Les intervenants, réunis autour de l’animateur Bruno Valentin. ©S.G

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