Temps de travail : (...)

Temps de travail : le labo d’Éric Ciotti

Même si son champion Nicolas Sarkozy a été sorti au premier tour des primaires, Éric Ciotti a mis en application au Conseil départemental ce que l’ancien président avait promis en vain : travailler plus pour gagner plus.

C’est le deal que le patron a imposé en début d’année aux 4 378 salariés du Département : la suppression de trois jours de congés payés et de onze RTT pour atteindre "le temps légal" de travail de 35 heures. En contrepartie, Éric Ciotti a brisé un nouveau tabou en introduisant dans sa fonction publique territoriale une dose de rémunération au mérite sous la forme d’une prime.
Travailler plus, c’est sûr : les agents et cadres effectuent désormais 1 607 heures de travail annuel. Gagner plus : cela reste à démontrer, car selon le principe du "mérite" qui sera jugé par les chefs de service et la DRH, tous les employés ne toucheront évidemment pas la prime annualisée de 700 à 1 400 euros récompensant les bons et loyaux services ainsi que l’absence... d’absences au travail.
Cette gestion du personnel toute libérale n’est évidemment pas de mesure à effrayer François Fillon. Le Conseil départemental 06 représente même pour le candidat de la droite une sorte de laboratoire grandeur nature qui prouve que, comme à la SNCF, "c’est possible", et que cette mesure, suivez mon regard, pourrait aussi être appliquée au niveau national aux 5,5 millions de fonctionnaires que compte notre pays.
Sauf que si personne, sauf sans doute les intéressés, ne trouvera à redire que les inspecteurs du permis de conduire ou les préposés aux guichets du Trésor public travaillent plus longtemps, il n’en va pas de même pour des secteurs en très grande souffrance de personnels : l’hôpital, la police, la justice et même l’armée mise à toutes les sauces, du Moyen Orient à l’Afrique, en passant par le plan Vigipirate écarlate...
Et s’il est normal, légitime et sans doute urgent de moderniser la fonction publique, encore faudra t-il au niveau national savoir négocier finement avec des syndicats toujours prompts à descendre dans la rue...

deconnecte