Thomas Boaglio : « L'expe

Thomas Boaglio : « L’expert-comptable a un rôle fondamental au niveau de l’économie »

Thomas Boaglio est un expert-comptable passionné. Que ce soit au sein de son cabinet ou avec son syndicat ECF, il s’engage au quotidien pour rendre sa profession plus attractive.

Comment êtes-vous devenu expert-comptable ?

 Je suis expert-comptable inscrit à l’ordre depuis octobre 2020. C’est une vocation qui m’est venue assez tôt. Le monde de l’entreprise m’a toujours attiré. Mon père était le gérant d’une TPE, il s’occupait de la gestion de la pâtisserie de mon oncle. Très jeune, j’assistais aux réunions avec l’expert-comptable. Je ne comprenais pas tout mais j’avais cette image de l’expert-comptable qui présentait des chiffres utiles et répondait à des questions très pointues. J’ai trouvé ce rôle passionnant. Cette première image de l’expert-comptable m’a donné l’envie de creuser le sujet et de m’intéresser à la gestion d’entreprise, tout en me permettant d’atteindre mon objectif d’être indépendant. C’était vraiment le moteur de mon parcours d’étudiant et quoi de mieux que faire des études d’expertise-comptable parce qu’un expert-comptable est un chef d’entreprise au service des chefs d’entreprises. J’ai également pris part à la vie associative de ma profession. Je suis un ancien président de l’Anecs Côte d’Azur (Association Nationale des Experts-Comptables Stagiaires) et j’ai également été vice-président du club des jeunes experts-comptables Côte d’Azur. Enfin je me suis engagé dans le syndicat ECF (Experts-comptables et Commissaires aux comptes de France), l’un des deux grands syndicats de la profession. C’est un syndicat que j’ai présidé au niveau départemental de 2020 à 2021. Actuellement nous sommes en période électorale (dans le cadre des élections du conseil régional de l’ordre des experts-comptables en PACA, NDLR) et c’est une fierté pour moi de proposer ma candidature sur la liste de Nicolas Férand et Nicole Carrion, afin de représenter mes confrères.

Quelles sont les raisons de cet engagement syndical ?

 Elles sont avant tout motivées par une volonté de contribuer à mon niveau au développement de ma profession. Pour cela j’ai intégré le syndicat ECF, avec lequel je partage la même vision et des valeurs communes. Il s’agit d’un syndicat composé de personnalités très impliquées et qui proposent des actions concrètes face aux défis de modernisation et des besoins de renouveau qui se présentent aux professionnels du chiffre. J’apprécie également de contribuer à la mise en lumière de l’utilité de notre profession au niveau de l’économie. Je pense que la plupart de nos clients s’en aperçoivent mais le grand public connaît encore mal notre métier malheureusement. Pour beaucoup de personnes, je caricature, mais un comptable est une personne qui fait des maths et qui empile des factures. J’ai vraiment à cœur de promouvoir notre profession et de la présenter à sa juste valeur.

Quelle est cette « juste valeur » ?

Laura Bourdin, Constance Dogger, Thomas Boaglio et Yann Gloanec ©S.G


 Un expert-comptable assiste au quotidien ses clients chefs d’entreprise sur des domaines très transversaux. J’aime beaucoup faire le parallèle avec le monde médical où l’expert-comptable est au chevet d’une entreprise, de sa naissance jusqu’à la fin de son existence. En effet nous recevons des créateurs d’entreprise pour donner vie à des projets en analysant leur viabilité financière et en les conseillant sur l’option du meilleur statut social et juridique. Par la suite nous assistons les entrepreneurs tout au long de leur carrière dans leur croissance, avec le développement de la masse salariale et la gestion de la paie, l’analyse financière, le conseil sur investissement, ainsi que dans la recherche de solutions fiscales avantageuses pour réduire les charges tout en respectant les lois en vigueur. Enfin nous accompagnons nos clients en fin de carrière dans la transmission de leur patrimoine professionnel ou dans des cas plus malheureux, dans les procédures collectives où des difficultés financières nécessitent l’intervention du tribunal de commerce. Nos travaux ne se limitent d’ailleurs plus à ces champs d’intervention traditionnels et notre profession est force de proposition sur des missions innovantes en lien avec l’actualité telles que la mise en œuvre de stratégies RSE, l’analyse de données et bien entendu l’accompagnement au défi majeur qui va réorganiser la gestion de toutes les entreprises : le passage à la facture électronique.

Qu’est-ce qui à titre personnel vous plaît le plus dans ce métier ?

 Ce qui me plaît le plus c’est avant tout la diversité des savoirs qu’il est nécessaire d’acquérir pour l’exercer, ainsi que la polyvalence de nos secteurs d’intervention pour lesquels nous pouvons proposer nos services. Secteur de l’industrie, professions libérales, artisans, commerçants, associations, sportifs professionnels... Aucune de nos journées ne se ressemble ! J’interviens régulièrement dans des écoles pour présenter le métier. Au départ je n’ai pas l’accueil que recevrait un grand avocat ou un pilote de formule 1. Et pourtant, j’ai souvent la bonne surprise à la fin de ma présentation de voir des jeunes me poser des questions ou me demander mes coordonnées pour envoyer leur CV car j’ai réussi à transmettre ma passion et ma vision du métier. Ils me disent : «  on ne voyait pas le métier comme ça  ». C’est aussi un travail que l’on doit continuer de mener au niveau de l’ordre pour dynamiser l’image de la profession et attirer les jeunes talents. D’autant plus que l’expertise-comptable est un formidable ascenseur social.

Quels sont les aspects plus difficiles du métier ?

 Je dirais qu’il s’agit d’un métier exigeant. Il nécessite une perpétuelle actualisation de nos connaissances pour être au fait des constantes évolutions législatives. C’est ce qui nous permet de pouvoir prodiguer les meilleurs conseils à nos clients. Nous avons un véritable devoir de formation, ainsi que l’obligation d’appliquer strictement des normes de qualité dans nos processus. Mais c’est aussi tout cela qui fait la force de notre profession et sécurise nos clients.

Propos recueillis par
Sébastien GUINÉ

Le seul expert-comptable de Saint-Paul-de-Vence

©S.G

Thomas Boaglio, 37 ans, a réussi à bâtir en quatre ans deux structures parfaitement opérationnelles et qui se développent, l’une à Nice et l’autre à Saint-Paul-de-Vence. Il a débuté « dans un cabinet à Nice-nord qui s’appelait Nexus. C’est un cabinet que j’ai développé durant quatre ans », raconte-t-il. «  Dans un deuxième temps j’ai eu l’opportunité d’ouvrir un deuxième bureau « Honoris Experts  », à Saint-Paul-de-Vence. « C’était une opportunité à la fois personnelle et stratégique. Personnelle parce que c’est un village que j’apprécie beaucoup. Saint-Paul-de-Vence est à mes yeux le plus beau village des Alpes-Maritimes. Et stratégique car il n’y avait aucun expert-comptable dans le village. Le fait d’être le seul cabinet était un pari qui s’est révélé être payant parce que nous avons pu développer une spécialisation au niveau des artistes et des galeries d’art  ». Mais assez vite, le jeune expert-comptable, même s’il a les épaules solides, a eu besoin de renforts. «  À Nice, j’avais atteint mes limites pour exercer seul et pour me structurer, que ce soit dans la gestion interne ou dans le développement. Le fait de m’associer m’a permis de pouvoir maintenir le cap. Et de cette association est né le cabinet ‘Coelis Expert’. Mes associés sont des personnes que je connaissais, qui faisaient partie de mon entourage personnel et professionnel et en qui j’avais une totale confiance ». Il s’agit de Laura Bourdin, expert-comptable depuis 2022, et de Yann Gloanec, directeur de cabinet. À Saint-Paul-de-Vence, Thomas Boaglio a pu s’appuyer sur Constance Dogger, salariée et associée : « C’est la responsable du bureau. Le fait d’être associée lui permet de prendre en main des tâches de gestion interne et cela me permet de fidéliser une collaboratrice qui est très performante ».

« Nous avons notre propre centre de formation »

Pour pallier les difficultés de recrutement, Thomas Boaglio et son équipe misent sur la jeunesse. «  Nous avons quatre apprentis dans nos deux structures », nous confie-t-il, ce qui porte au total les effectifs à 12 personnes. «  On mise sur les jeunes parce qu’on a clairement un manque de collaborateurs dans la profession. Il y a beaucoup de perdition, la plupart des personnes qui font des études en expertise-comptable se réorientent, notamment vers les métiers de DAF, de la banque ou encore de l’assurance, des secteurs qui proposent des postes de salariés très normés, ce qui peut être vu comme un confort de vie », poursuit-il. «  L’expertise-comptable perd un peu ses talents. Pour contrer cela, une des stratégies est de miser sur les jeunes et de les faire monter. Cela nous permet de façonner nos collaborateurs et d’avoir, à l’image du football, notre propre centre de formation, plutôt que de prendre quelqu’un à des tarifs exorbitants dans la mesure où il y a plus de demandes que d’offres et que les salaires, mécaniquement, augmentent ». Pour l’instant, « ce n’est pas une stratégie qui nous dessert  », indique l’expert-comptable.

Photo de Une : Thomas Boaglio ©S.G