Tout ce que vous voulez

Tout ce que vous voulez savoir sur la création ou la reprise d’entreprise

Envie d’entreprendre, de voler de vos propres ailes ? La solution ne passe pas (forcément) que par la création ex-nihilo d’une nouvelle activité mais aussi par la reprise. Pressings, boulangeries, boutiques de mode, services, agriculture, industrie... Tous les secteurs d’activité sont concernés.
Proche de la retraite, des entrepreneurs souhaitent passer la main : pour les repreneurs, il y a là un vivier d’opportunités à ne pas négliger !

Avancer avec rationalité

"J’ai repris un magasin de chaussures. Pour ne pas désorienter les habitués - une clientèle fidèle du quartier - j’ai décidé de ne rien changer ni à la gamme, ni à la décoration, ni à la politique commerciale. Trois ans après, l’expérience me montre que j’ai eu raison d’être prudente en restant sur la lancée de la boutique. Maintenant, j’avance en améliorant par petites touches, je fais doucement évoluer vers une gamme de marques".

Priscillia Laurens, du groupement notarial Entreprise & Patrimoine, et Maître Costa. (DR JMC)

Comme Laurence, beaucoup préfèrent partir sur des "acquis" qui sont aussi des repères. Ce qui facilite le business plan, rassure l’entrepreneur, et le banquier se fait moins frileux pour prêter lorsqu’il dispose de bases pour établir son diagnostic. En face, il y a le cédant : pour répondre aux interrogations des uns et des autres, la Chambre de commerce et d’industrie a organisé ce mardi soir une soirée "transmission-reprise d’entreprises" avec la participation d’avocats, notaires,experts-comptables et de banquiers.
Un rendez-vous utile, où les acheteurs comme les cédants sont venus... sans rendez-vous pour "débroussailler" le terrain et poser les premiers jalons d’une transaction réussie.

Notaires : conseiller et anticiper sur de possibles difficultés

Maître Karine Costa (Nice) faisait partie des professionnels recevant le public. "Les notaires ont une vraie compétence juridique et une vision large. Par exemple sauvegarder les intérêts du conjoint, des enfants... Les gens ne pensent pas spontanément au mandat de protection future, car dans la vie, des problèmes peuvent survenir à tout moment et il faut s’y préparer. Nous avons ces réflexes de prévention et de protection dans notre rôle de conseil des familles. La participation de la Chambre des notaires à cette journée traduit la volonté de nous positionner dans ce "paysage". Pour cela, nous tenons des permanences mensuelles à la CCI, à la CMAR, à l’ARAPL2CA et nous avons de bons retours des personnes qui viennent nous consulter pour un conseil".

Joris Attia et Jérémy Lacombe représentaient les experts-comptables. (DR JMC)

Experts-comptables : tout ne se résume pas à des chiffres

Experts-comptables, Jérémy Lacombe et Joris Attia ont également répondu à de nombreuses interrogations, tant chez les repreneurs que chez les cédants. "Notre métier est bien sûr connu des entrepreneurs pour qui nous établissons des formalités habituelles comme la TVA, mais nous avons des missions qui vont bien au-delà. Nous sommes dans nos compétences pour la création ou la reprise, pour le développement et la cession des entreprises. Notre rôle est un peu celui du médecin généraliste : nous répondons à de nombreuses questions : valeur réelle du fonds, bilan à retravailler, prévisionnel, analyse au-delà du financier etc." Là aussi un passage obligé...

Avocats : "la sécurité juridique"

Maîtres Vanessa Hauret (Nice) et Audrey Bagarri (Grasse) pour les Avocats. (DR JMC)

"Apporter la sécurité juridique de l’acte, c’est le cœur de métier de l’avocat spécialisé dans le Droit des affaires" expliquent Maîtres Vanessa Hauret, du Barreau de Nice, et Audrey Bagarri, du Barreau de Grasse, également coprésidentes de l’association des Avocats du Droit des Affaires. "Lorsque nous étudions les documents qui traduisent la vie d’une société, nous sommes capables d’identifier les difficultés. Nous anticipons les problèmes par une analyse, notamment pour les litiges avec les clients, les fournisseurs, etc. Même les toutes petites entreprises se doivent d’être accompagnées par un avocat. Et en cas de cession et de reprise, chaque partie doit avoir son propre conseil".

Ils témoignent

Maogann Le May (conseiller CCI-06)

Maogann Le May (CCI)et Mégane Monteillet (Wakey). (DR JMC)

"Création ou reprise, il faut d’abord réaliser une bonne étude de marché, voir l’environnement concurrentiel, analyser l’attente et le besoin du client, en une phrase : vérifier que le projet est bien viable. Il faut aussi se faire accompagner par des professionnels aguerris, se former aux compétences car une fois que l’on est en activité on n’a plus le temps...
En cas de reprise, les causes d’un échec sont le départ d’un collaborateur-clé, une mauvaise anticipation des charges, le manque de liquidités et bien sûr un manque de compétence dans la gestion car disposer d’un expert-comptable ne suffit pas
".

Mégane Monteillet (Wakey)

La jeune femme a ouvert à Nice en 2017 la boutique "Wakey" spécialisée dans le cosmétique écologique et végane. "Je voulais proposer une offre différente. Le cosmétique est saturé, avec beaucoup de marques, donc j’ai choisi cette niche particulière qui correspond à mes valeurs. Il m’a fallu sept mois entre le début du projet et sa réalisation. Le conseil que je pourrai donner, c’est de prévoir large : pour les finances, car les travaux dépassent fréquemment, pour la banque car les crédits sont débloqués plus tardivement que je ne le pensais. Et aussi pour le prévisionnel financier. Si c’était à refaire, je m’y prendrai différemment : j’ai ouvert le site de vente en ligne quatre mois plus tard et c’était une erreur. Je n’y réalise qu’un petit pourcentage de mon CA alors que j’y passe du temps, un site coûte très cher aussi. Je ne compte pas mes heures de travail, souvent je me sens seule, mais il faut savoir vaincre sa peur et toujours aller de l’avant".

Catherine Brun (BP-Med)

"De plus en plus de quadras et de quinquas veulent changer de vie. C’est très bien, mais il leur faut vérifier que s’ils se lancent dans l’aventure d’une reprise ou d’une création, c’est vraiment par passion et non pas par dépit. Actuellement, les taux du crédit sont anormalement bas, le moment est donc propice pour se lancer, d’autant qu’il existe plusieurs moyens de se financer comme le crowdfounding et le microcrédit qui n’existaient pas auparavant. Le banquier apprécie toujours les deniers propres, mais pas seulement : il va aussi s’intéresser à la stratégie commerciale, à la présence ou pas du phygital - il faut au moins une offre vitrine. Déterminez vos charges mensuelles et soyez pessimistes sur ce sujet, n’imaginez pas un doublement du CA de l’année 1 à l’année 2".

Valérie Ammirati entourée de Catherine Brun et Amélie Serri. (DR JMC)

Amélie Serri (L’atelier français)

"J’ai ouvert à Vence un concept store de produits uniquement made-in-France. J’ai tout entendu : pourquoi dans cette ville, pourquoi dans cette rue, vous êtes sûre de vous ? Il faut être bien accroché, avoir des compétences en stratégie, marketing, réseaux sociaux, publicité. J’ai suivi un parcours de créateur à l’IRCE et ce fut essentiel pour structurer mon projet car je ne
savais pas par quel bout le prendre. Me confronter à d’autres créateurs a été utile et même déterminant
".

Valérie Ammirati, Expert-comptable

"On perd la sécurité en devenant chef d’entreprise. C’est une aventure exceptionnelle parce que rien ne se passera comme prévu. Par exemple, un de mes clients avec six commerces en a ouvert un septième. Il est expérimenté, il sait faire. Mais les travaux ont pris sept mois de retard, ont dépassé de 90 000 euros les prévisions alors que son loyer est de 13 000 euros mensuels... Tout le monde ne peut être chef d’entreprise. À Initiative Nice Côte d’Azur, nous passons au tamis les projets qui sont présentés à nos bénévoles (avocats, experts-comptables, banquiers, commerçants etc.) et souvent on dit "stop". Sur 1 200 candidats, 250 seulement obtiennent un prêt. Nous ne sommes pas là pour faire du social à mauvais escient et envoyer les gens dans le mur. Mais si vous avez vraiment envie, je dis : n’ayez pas peur et foncez !".

Les chiffres

- 5 300 nouvelles inscriptions par an au RCS.
- 20 781 entreprises dont le dirigeant a 55 ans ou + sont à transmettre dans les A-M.
- 51 ans, l’âge moyen des entrepreneurs du 06.
- 37% des SARL sont potentiellement à transmettre.
- 86 000 emplois concernés par la transmission.

Photo de Une : Des candidats créateurs et repreneurs réunis à l’Allianz. (DR JMC)

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