UncovAI et Les Petites

UncovAI et Les Petites Affiches s’allient contre la fraude

Accessible depuis petitesaffiches.fr, l’outil IA-Scan permet de vérifier en quelques secondes si une image a été générée par intelligence artificielle ou modifiée par son intermédiaire.

« Nous travaillons sur le texte, l’image, l’audio et bientôt la vidéo », explique Florian Barbaro, fondateur d’UncovAI dont l’objectif a toujours été « d’assurer l’intégrité de l’information et de lutter contre la désinformation  ».
La solution IA-Scan a été développée par sa société, fondée il y a un an et demi, soit quelques mois après le retour à Nice de Florian Barbaro, docteur en mathématiques appliquées qui a fait ses armes contre la désinformation aux Etats-Unis pendant la crise du Covid-19. UncovAI propose de détecter tout contenu généré par IA sur internet et les réseaux sociaux et s’attaque également à la fraude avec l’outil IA-Scan.
«  Aujourd’hui, un média doit être utile. S’il ne l’est plus, il disparaît  », affirme François-Xavier Ciais, directeur des Petites Affiches. « Et j’ai estimé que la technologie développée par Florian apportait une véritable valeur ajoutée aux lecteurs et aux utilisateurs de nos services. C’est pour cette raison que nous avons choisi de diffuser IA-Scan. L’objectif est de fournir à chacun un outil de vérification, devenu indispensable alors que les technologies d’IA prennent une place croissante dans la production et la manipulation des images. En tant que journal juridique et support d’annonces légales, nous devons fournir de l’information mais aussi de la sécurité. Et quoi de mieux, pour cela, que la solution conçue par Florian Barbaro ?  »

Plus facile de frauder

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« L’outil développé par UncovAI nous a été fourni avec une API (Application programming interface, en français Interface de programmation d’application, NDLR) qu’on a intégré sur notre site », expose Sébastien Avella, directeur informatique des Petites Affiches. « Tout se fait de manière transparente. Avec un simple clic, l’abonné peut directement activer son compte et utiliser IA-Scan avec d’abord trois jetons offerts. Concrètement, on peut s’en servir, par exemple, pour vérifier l’authenticité d’une photo d’une carte d’identité. Pour un formaliste, qui doit réaliser la création d’une société et qui va recevoir la photo d’une carte d’identité (car tout se fait de plus en plus de manière digitale) le fait de vérifier cette carte d’identité à travers IA-Scan va permettre de détecter si l’image a été retouchée par l’IA et donc de savoir si cette carte d’identité est potentiellement fausse. Cela peut éviter la création de sociétés écrans pour du blanchiment d’argent ou ce genre de choses », relève Sébastien Avella. « La fraude a toujours existé. Et avec les outils d’IA (…) frauder devient de plus en plus facile et de plus en plus à la portée du quidam. Donc, avec les outils développés par UncovAI, on peut arriver à se protéger de ces pratiques douteuses. »

Fiable à 95 %

Florian Barbaro détaille le fonctionnement de l’opération : «  Une fois qu’on reçoit l’image (uniquement au format JPEG pour l’instant, NDLR) on va analyser les caractéristiques de cette image pour déterminer si elle est générée par IA ou si elle est d’origine humaine  ».
Il revendique une fiabilité aux alentours de 95 %. « Le but c’est de suivre la mouvance avec les différents retours des utilisateurs et de prendre en compte les nouveaux modèles. Comme cela on sera capable de maintenir cette fiabilité à long terme. » Il précise qu’aucune donnée n’est stockée et que «  l’image est supprimée directement après analyse ».
Si cette solution peut s’avérer très utile pour les professionnels du chiffre et du droit, elle s’adresse à tout le monde, comme le souligne François-Xavier Ciais : « On n’est pas que sur du B2B professionnel. Cela peut être n’importe quel citoyen qui, à un moment donné, a besoin de vérifier une image qu’il a captée ou qu’on lui a envoyée. »

UncovAI : « Assurer l’intégrité de l’information »

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Après son doctorat en mathématiques appliquées et analyse de langage naturel, Florian Barbaro est « Parti travailler aux États-Unis pour aider sur un projet avec le ministère de la Santé américaine dans la lutte contre le Covid et la désinformation liée au Covid. En parallèle, j’ai étudié la désinformation russe et sa propagation sur les réseaux sociaux. Et en fait, je me suis aperçu que de plus en plus de personnes mal intentionnées utilisaient des modèles génératifs pour accroître la propagation de désinformations. C’est là que j’ai commencé à m’intéresser au sujet », confie-t-il. « Et donc, je me suis focalisé sur cette thématique-là pour justement essayer, dans un premier temps, d’assurer l’intégrité de l’information et donc de lutter contre la désinformation. On a donc ouvert cette ‘verticale’ médias, puis après celle, contre la fraude. »
En ce qui concerne les vidéos générées par IA, il prend l’exemple de l’ouragan Melissa en Jamaïque fin octobre : « Les services de secours ont été submergés par les vidéos générées et donc ils ne savaient plus trop où il y avait vraiment un problème ». L’objectif d’UncovAI serait donc de permettre de faire le tri dans le flot des vidéos. La société azuréenne vient également de lancer avec d’autres acteurs, TrustMyContent, Journalism Trust Initiative (initiée par Reporters sans frontières), le CEPIC, l’Atelier et le médialab de Sciences Po Paris, un programme d’innovation, « Provenance for trust », qui « s’engage à garantir l’authenticité, la traçabilité et la crédibilité de l’information ».

Petites Affiches : « Innover, ce n’est pas rompre avec le passé, c’est prolonger son histoire autrement. »

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« L’innovation est la porte du progrès et du développement ; l’imagination, le travail et l’engagement des collaborateurs en sont les principales clés, affirme François-Xavier Ciais, directeur des Petites Affiches, qui existent depuis 153 ans. «  On essaie d’innover pour être à la pointe  », complète le directeur informatique Sébastien Avella. «  L’innovation est notre fer de lance.  » En plus de la solution IA-Scan, Les Petites Affiches proposent deux outils d’aide à la rédaction d’annonces légales avec IA, crées en interne, dont un assistant accessible via ChatGPT.
Pour François-Xavier Ciais, il est également essentiel de mettre en lumière des entrepreneurs comme Florian Barbaro, « qui pourraient travailler partout dans le monde mais qui ont choisi de s’installer à Nice ». Car, dans les Alpes-Maritimes, rappelle-t-il, « nous n’avons pas seulement la mer et le pan bagnat : nous avons aussi des personnalités remarquables, de véritables ambassadeurs de notre région et de la France. Il est aussi de notre responsabilité de les faire rayonner. ». De son côté, le fondateur d’UncovAI mesure tout le chemin que l’Europe et la France ont à parcourir pour tenter de rattraper les États-Unis. « On est encore timorés, analyse-t-il, mais il y a déjà des prémices de compréhension de ce qu’est l’intelligence artificielle et de ce qu’est l’intelligence artificielle génératrice. Et donc, les gens ont une meilleure compréhension des bénéfices de l’utilisation de cette solution. (...) Il faut vraiment voir l’IA comme un outil qui va vous permettre de vous aider dans vos tâches quotidiennes, d’aller plus vite et de vous concentrer sur les tâches pour lesquelles vous avez le plus de valeur ajoutée. »

Photo de Une : De gauche à droite : Sébastien Avella, Florian Barbaro et François-Xavier Ciais. ©SG