Vérités de porcelaine

Vérités de porcelaine

Donc Poutine a repris la vieille recette inaugurée par le maréchal Joffre. Celui-ci, mécontent des résultats des premières batailles en 14 et en 15, a décapité le haut commandement français en envoyant les généraux jugés incompétents prendre l’air à l’arrière, en particulier à Limoges, pour les remplacer par des plus fringants. Mais il fallut quatre ans, et le... "limogeage" de Joffre, pour conclure favorablement le premier conflit mondial.
Les Russes choisissent, eux, des formulations qui ne correspondent pas (ou rarement) à la situation réelle mais plutôt à ce qu’ils voudraient qu’elle soit. Ainsi, leur désormais ex-commandant en chef, dont les armées se cassent les dents en Ukraine depuis plus de six mois, n’a t-il pas été "viré" comme un malpropre car ce serait reconnaître un échec patent, inconcevable pour Moscou. Il a seulement été "remplacé" par un autre supposément plus compétent, et invité à planter ses choux dans le "Limoges" des plaines de Russie.
De même, il n’y a que les Ukrainiens - et ces naïfs d’Européens - pour croire à une "guerre" autour de Kiev, de Kherson ou du Donbass. Non, non, non, il ne s’agit que d’une "opération militaire spéciale" dans laquelle des dizaines de milliers de soldats des deux camps ont passé l’arme à gauche depuis le début du conflit. Sans oublier ces civils ukrainiens qui aiment à se trouver sous la pluie des bombes ou dans la ligne de mire des mitraillettes, quand ils ne se font pas découper en rondelles lors "d’interrogatoires" qui bien sûr n’ont rien à voir avec des séances de "tortures".

Tous les chasseurs savent qu’un animal devient dangereux lorsqu’il est poursuivi ou blessé. Certains en ont fait l’expérience dans nos forêts avec les sangliers touchés mais pas trucidés, d’autres dans les forêts profondes de Russie avec des ours mal léchés dont l’arrière- train a été plombé. Il en est de même avec ce cher Vladimir à qui les Ukrainiens s’évertuent à faire des misères alors qu’il vient, bon prince, les libérer du "joug nazi". Reculades sur le front, contestations de plus en plus ouvertes dans la rue, affronts de toutes sortes (le "Moskva" qui n’a pas été coulé en Mer Noire comme on l’a dit mais qui a seulement été victime d’une voie d’eau ayant fini par le remplir, le symbolique Pont de Crimée sur lequel s’est déroulé un feu d’artifice imprévu plutôt qu’un sabotage, etc.)
Arrivé au point où il en est désormais, Poutine ne plus reculer. Il est condamné à la victoire, irrésistiblement aspiré dans une dangereuse fuite en avant qui peut le conduire à appuyer sur le bouton nucléaire. Dans tous les cas, le "libérateur" de l’Ukraine est déjà promis aux poubelles de l’Histoire. Il est déjà "limogé" des principales instances internationales, en attendant de l’être par son peuple, version optimiste, ou par des militaires encore plus extrémistes que lui, version pas vraiment rassurante mais plausible...

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