Le déficit, mal chronique

Le déficit, mal chronique français...

La France a connu « un net ralentissement de l’activité économique en lien avec le choc sur les prix de l’énergie et les conséquences de la guerre en Ukraine  » constate sans surprise la Cour des comptes dans son rapport annuel publié fin mars. Elle note que les perspectives pour 2023 « sont plus dégradées avec une prévision de croissance de 1 % retenue pour construire le projet de loi de finances, jugée néanmoins un peu élevée par le Haut conseil des finances publiques  ». Ou, autrement dit, les recettes fiscales seront moins élevées qu’espérées...

 ?« Alors que l’année 2022 devait marquer la sortie du « quoi qu’il en coûte » lié à la crise sanitaire, avec notamment une baisse de 46,5 Md€ des dépenses de soutien et de relance, le gouvernement a pris de nouvelles mesures de soutien » soulignent les magistrats financiers. Pour eux, ces mesures « conduiraient à un déficit public attendu à 5 points de produit intérieur brut (PIB) en 2022 comme en 2023 », ce qui retardera d’autant «  l’engagement d’une trajectoire crédible de réduction des ratios de déficit et de dette publics ». Rappelons que cette dette actuellement chiffrée à 2 950 milliards atteindrait 111,2 points de PIB en 2023, soit près de 14 points ?au-dessus de son niveau d’avant la crise.

«  La situation des finances publiques de la France restera ainsi en 2023 parmi les plus dégradées de la zone euro, alors que la Commission européenne juge que les risques sont élevés sur la soutenabilité de la dette publique française à moyen terme  ».

 ?La trajectoire présentée par le gouvernement dans le projet de loi de programmation des finances publiques (PLPFP) pour les années 2023 à 2027 apparaît à la Cour des comptes comme « peu ambitieuse, avec un déficit public qui ne passerait sous les 3 points de PIB qu’en 2027 et une dette qui serait à cette date quasiment au même niveau qu’en 2022 ». Les magistrats estiment aussi que les prévisions de croissance sont «  trop optimistes », de même que la croissance de la dépense publique en volume, « prévue à 0,6 % par an  », qui suppose donc «  un effort inédit de maîtrise  ».

Clairement, le retour à l’équilibre des comptes n’est pas pour demain… Une mauvaise habitude, puisque la France se dope au déficit depuis... 1975. Nous sommes donc bien éloignés de la rigueur allemande mais tout près de coiffer le bonnet d’âne dans la zone euro.

Visuel de Une : DR Illustration

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