Résidence fiscale : (...)

Résidence fiscale : il n’est pas si facile d’être riche aujourd’hui...

Parce que le cadre de vie y est agréable et que la météo fiscale y est plus clémente, un certain nombre de foyers partent chaque année s’installer à l’étranger. Héliotropisme lorsqu’il s’agit de Monaco ou de Gibraltar, retour au berceau familial ou irrépressible envie de manger des sardines grillées pour le Portugal, air pur des montagnes et chocolat pour la Suisse : les motivations ne manquent pas.

Bercy a mis en place une série de dispositions pour retenir en France les gros contribuables qui seraient tentés par une aventure "exotique". Elles ont eu pour effet de ralentir cet exode, sans toutefois le tarir.
Mais ne part pas à l’étranger qui veut, mais qui peut, car les états réceptionnaires posent souvent des conditions qui ne sont pas accessibles au premier venu.

500 000 euros, ticket d’entrée à Monaco

Le cigare a, paraît-il, meilleur goût lorsqu’il y a moins de taxes sur le tabac...DR

Une adresse à Monaco est ainsi très recherchée. L’on y retrouve logiquement des hommes d’affaires, de grandes fortunes, des stars du monde du sport et du show-biz, comme Ringo Star qui préfère le soleil du Larvotto aux brumes de Liverpool, allez savoir pourquoi... Les exemples sont légion. Mais comme on imagine mal l’ancien Beatles et ses amis fortunés travailler dans un commerce pour obtenir une carte de résident, ils devront déposer
500 000 euros minimum dans une banque du Rocher lorsqu’ils feront leur première demande d’installation.
Ce ticket d’entrée est destiné à prouver qu’en l’absence de revenus réguliers - comme par exemple un salaire - l’on dispose de moyens financiers suffisants pour vivre dans la Principauté où le coût de la vie est élevé, en particulier pour le logement.

Disposer d’un logement "adapté" en Suisse

Monaco n’est évidemment pas le seul Etat a exiger "patte blanche" de ses prétendants. Nos voisins Helvètes demandent aussi de prouver que "vous pouvez subvenir à vos besoins sans tomber à l’assistance publique" et d’autres critères. Avoir de gros revenus n’est pas suffisant pour vivre sur les bords du Léman, comme à Monaco où il faut présenter un extrait de casier judiciaire et disposer d’un logement à la taille adaptée au nombre de ses occupants.
Au Liechtenstein, discrètement blotti entre la Suisse et l’Autriche, on compte une entreprise pour neuf habitants. Beaucoup de résidents travaillent dans le monde de la finance. Si un tiers des ressortissants du 6ème pays le plus petit du monde (160 km2) sont des étrangers, il faut être un dirigeant de très-très haut niveau pour prétendre y résider. Près de 20 000 travailleurs franchissent chaque jour ses frontières depuis les pays voisins pour rejoindre leur bureau...
Si la Principauté au soleil exige 500 000 euros de dépôt depuis 2017 pour les primo-arrivants, c’est à la suite de l’analyse des conditions d’accès dans une dizaine d’autres pays, dont l’Italie, le Luxembourg, Malte ou le Portugal. L’Association monégasque des activités financières a ainsi "calibré" une exigence qui était autrefois moins précise. Certaines banques se contentaient d’un modeste dépôt de 100 000 euros quand d’autres exigeaient dix fois plus. Même chez les très-riches, il y a de l’injustice, Mélenchon au secours !

Dur de passer au travers de l’impôt...

Mais il n’y a pas de bonheur parfait : en vertu d’un accord signé à l’origine en 1963 et ayant fait l’objet de moult avenants depuis, les "personnes physiques de nationalité française qui transporteront à Monaco leur domicile ou leur résidence seront assujetties en France à l’impôt sur le revenu". En 2018, 578 ressortissants français installés sur le Rocher ont ainsi été assujettis à l’ISF, pour un patrimoine moyen de 3,8 M€ et une imposition de 27 094 euros.
De son côté, le Portugal accorde depuis 2009 un statut particulier aux étrangers qui y établissent leur résidence fiscale. Une aubaine saisie par des retraités français, belges, suisses, luxembourgeois etc. dont les revenus perçus à l’étranger (pensions) sont largement exonérés d’impôt sur le revenu. Mais cet avantage, qui a attiré les cheveux blancs le long des plages de l’Algarve ou à Lisbonne, a sûrement du plomb dans l’aile puisque la Finlande, la Suède et la France demandent depuis 2018 un "aménagement" de ce statut. Le ministre des Finances portugais Mario Centeno a
annoncé une "évolution". Ce qui ne signifie pas "disparition" mais plutôt "révision" avec un taux d’imposition de 10%, selon le site de la Maison du Portugal.
Sans doute peut-on compter sur le Brexit de Boris Johnson et sa légendaire solidarité avec l’Europe pour ouvrir de nouveaux horizons... A condition de vouloir aller vivre sur les bords de la Tamise ou dans les îles anglo-normandes. Ce pauvre Mick Jagger fut un temps tenté par l’île Moustique. Mais avec 650 habitants et 5,7 km2, il n’y avait même pas de quoi organiser un concert des Stones...

Photo de Une : Les très grosses fortunes et leurs problèmes quotidiens dans ce monde impitoyable... DR

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