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JEAN-LOUIS DEROUSSEN : " Être au côté des familles"

Président de la Caisse Nationale d’Allocations Familiales, il a signé le schéma départemental qui va coordonner les différents services d’aides aux familles

- Vous êtes venu signer à Nice le schéma départemental des services aux familles. De quoi s’agit-il ?
C’est une série d’actions en direction des familles. Le schéma réunit tous les partenaires travaillant autour de la petite enfance et des actions de parentalité : Caisse d’Allocations Familiales, conseil départemental, communes et intercommunalités, milieu associatif, préfecture.

- Comment cernez-vous les besoins ?
En réalisant un diagnostic du territoire : où se trouvent les crèches, où se trouvent les assistantes maternelles ? Leur disposition dans les villes et les villages correspond-elle aux attentes ? La connaissance approfondie du territoire par la CAF permet de vérifier s’il y a adéquation entre l’offre et la demande.

- Et dans les faits ?
Il n’y a évidemment pas d’égalité territoriale, mais ce n’est pas spécifique aux Alpes-Maritimes. C’est un constat que nous faisons dans tous les départements où il peut y avoir des concentrations d’offres très fortes en certains endroits, et parfois même supé- rieures à la demande, mais aussi des zones trop éloignées des services, des « trous noirs ». Nous invitons donc les collectivités à en prendre conscience et à apporter des solutions concrètes sur le terrain. L’objectif, c’est de créer en France 100 000 places de crèches et autant chez les assistantes maternelles à domicile.

- Comment apporter les services aux familles les plus éloignées ?
On essaie de jongler entre l’accueil collectif – cela passe par des micro-crèches recevant jusqu’à une dizaine d’enfants - et l’offre individuelle, c’est à dire une assistante maternelle pouvant garder entre trois et quatre enfants. Nous créons aussi des maisons d’assistantes maternelles, où elles travaillent à deux, trois ou quatre selon les besoins.

- Tout cela coûte cher...
Pour l’hébergement en crèche, les CAF financent la construction mais aussi le fonctionnement (2000 euros par place). Pour les assistantes maternelles, on aide la famille en la solvabilisant avec nos aides.

- Et pour les familles monoparentales, les divorcés, qui ont des besoins spécifiques ?
Nous avons une offre « parentalité ». C’est par exemple l’accompagnement des enfants dans les cas délicats de séparation du couple, ce qui génère souvent des problèmes de garde, d’éloignement du travail, de départ plus ou moins éloigné de l’un des deux parents. En apportant des solutions à la garde de l’enfant, on permet le maintien ou le retour au travail, en particulier des femmes.

- Aujourd’hui, l’accompagnement des enfants est une priorité de la CAF...
Oui, pour toutes les familles. Les événements récents, les attentats, la radicalisation nous obligent à avoir un regard particulier. Les jeunes désœuvrés, à qui pas grand-chose a été proposé, entendent d’autres sirènes dans leurs quartiers... Il y a aussi un volet « loisirs » avec des accueils de vacances qui sont l’occasion pour des familles de se retrouver ensemble.

- Tout cela n’est-il pas trop compliqué à mettre en place ?
Le schéma est adapté, taillé sur mesure. Il a été testé pendant plusieurs mois dans dix départements pilotes, dont les Alpes-Maritimes. Vu les progrès apportés, la ministre de la famille Mme Rossignol a demandé qu’il soit généralisé à tout le pays. C’est en train de se mettre en place.

- Et la fraude ?
La fraude est une préoccupation pour la sécurité sociale. Notre souci, c’est de venir en aide à ceux qui en ont besoin. Cela exige, en parallèle, d’effectuer des contrôles pour chasser ceux qui trichent par la production de faux papiers, de fausses déclara- tions, etc. Nous avons de nouveaux outils. Nous croisons des fichiers, ce qui permet de vérifier la situation familiale, les salaires et d’éviter les abus.

- Son parcours :
63 ans, marié, trois enfants.
Ancien professeur de mathématiques. (1976-1985)
Plusieurs mandats syndicaux à la CFTC,
Membre du bureau de l’AGIRC,
Vice-Président de l’ARRCO,
Nombreuses responsabilités dans des organismes sociaux.
Président du conseil d’administration de la CNAF depuis 2006.

Photo : JMC
Jean-Louis Deroussen, président de la caisse nationale d’allocations familiales à Nice le 25 mars.

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