Mosquée En-Nour : le (...)

Mosquée En-Nour : le bras de fer se poursuit entre la municipalité de Nice et l’état

Le préfet autorise l’ouverture du lieu de prière, le maire dépose plainte contre l’Etat et annonce dans la foulée un autre projet de mosquée derrière le stade Ehrmann

  • Le contexte
    La ville compte environ 60 000 musulmans qui disposent d’une vingtaine de lieux de prière répartis dans les quartiers. Il y aurait entre 5 000 et 6 000 pratiquants réguliers qui ne bénéficient pas d’une « vraie » mosquée mais de pièces, appartements ou négoces transformés et plus ou moins bien adaptés.
  • L’autre projet
    Christian Estrosi propose la création d’une mosquée sur un terrain appartenant à la ville de Nice et situé près du stade Charles-Ehrmann. Ce projet « avec des financements français et qui représentera tous les courants de la religion musulmane » prévoit un bâtiment de 1000 mètres carrés, avec un parvis, un espace culturel mais pas de minaret. Une zone d’abattage est également prévue pour limiter les abattages clandestins.
  • Une affaire politisée
    Comme on pouvait s’y attendre, la séance extraordinaire du conseil fut plutôt agitée. Patrick Allemand (PS) a estimé qu’il s’agit d’une « affaire politique » et a parlé de « harcèlement » contre les musulmans. « Mensonge » a affirmé de son côté l’ancien
    premier adjoint, Benoît Kandel. Les écologistes et le PS ont voté contre et les radicaux de gauche n’ont pas participé au vote.
  • L’Etat dans le collimateur
    Christian Estrosi contre-attaque en convoquant le 25 avril le conseil municipal en séance extraordinaire. Avec à l’ordre du jour l’autorisation qui lui a été donnée par les élus de déposer plainte contre l’Etat qui a refusé d’accorder une déclaration d’utilité publique pour l’installation d’une crèche en lieu et place de la mosquée.
  • Les arguments des « anti »
    Les opposants, nombreux, dénoncent un projet non concerté et inadapté aux objectifs de l’Eco-Vallée. Ils pointent du doigt des problèmes de stationnement dans le quartier lorsque les fidèles se rendront à la prière. Ils réclament la transparence des finances pour éviter les influences saoudiennes. Ils craignent aussi la pratique d’un islam radical.
  • Les conditions
    Début avril, le préfet Adolphe Colrat a donné un avis favorable à l’ouverture de la mosquée. Mais il a assorti cette autorisation de deux conditions non négociables. Primo, la gouvernance d’En Nour devra être assurée par les grandes fédérations musulmanes des Alpes-Maritimes. Secundo, le propriétaire saoudien des murs ne devra en aucun cas s’ingérer dans la vie de ce lieu.
  • Pourquoi ça coince ?
    Le maire de Nice s’oppose fermement à l’ouverture de cette mosquée. Au motif que le bâtiment appartient à un Saoudien, par ailleurs ministre des cultes et de la propagation de la foi « qui prône la charia dans un Etat religieux wahhabite proche du salafisme » accuse l’élu niçois. Plutôt qu’une mosquée, Christian Estrosi souhaite à cet endroit une crèche, projet soutenu par plusieurs associations des quartiers ouest de Nice et par le commissaire-enquêteur qui avait conclu en ce sens.
  • De quoi s’agit-il ?
    Débutée en 2012, la construction de la mosquée En-Nour dans la plaine du Var est achevée. Outre la grande salle de prière pour les hommes (350 mètres carrés éclairés par une verrière), elle abrite aussi une salle de prière plus petite pour les femmes, un restaurant et une bibliothèque. Son ouverture a été autorisée - sous conditions - par le préfet après avoir reçu un avis favorable de la commission de sécurité. Elle peut recevoir jusqu’à 900 fidèles.

Photo : JMC

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