Faut-il craindre l'invasio

Faut-il craindre l’invasion des Robots Gendarmes ?

L’émergence des moyens électroniques et automatiques de constatation
et de traitement des infractions à la circulation routière pose quelques
difficultés d’application, qui rassureront les automobilistes.
Rien ne paraît plus simple que de synthétiser le chemin qui conduit
du fait matériel relevé, à la condamnation. En effet, la contravention,
infraction simple, ne devrait pas permettre aux intelligences artificielles
de se perdre.

Considérons pourtant l’infraction de non-respect du signal marqué
par un feu rouge fixe et concluons que les « radars feu rouge »
ont bien du mal à rendre compte de cette contravention, d’innombrables
verbalisations devant être requalifiées, quand elles ne
doivent pas faire l’objet d’un abandon pur et simple des poursuites.
La raison en est que le robot gendarme, ou policier, n’a pas exactement
intégré la nécessaire dialectique et la rigueur d’interprétation
dont il convient de faire montre en droit pénal. A la question
« qu’est-ce que brûler un feu rouge ? », le robot n’apporte aucune
réponse… parce qu’il ne s’est jamais posé cette question.

En résultat, à la consultation du jeu de clichés du radar, beaucoup
apparaissent verbalisés pour un « feu rouge » quand il faudrait retenir
un « feu orange », ou bien encore ni l’un ni l’autre. Brûler un
feu rouge, est : se présenter devant la ligne d’effet d’un feu, celui-ci
étant rouge, et franchir cette ligne. Rien de plus, rien de moins. Ce
fait est très généralement non établi par les photos délivrées.
Mais est-ce que cela vient du fait qu’un robot fasse le gendarme
errant ? ou bien d’une autre cause ?

Depuis longtemps, l’agent verbalisateur n’a plus rien à prouver,
ni rien à rapporter de factuel au procès-verbal qu’il signe, ce qui,
convenons-en, minimise fortement les risques d’être convaincu
d’erreur. Or, lorsqu’il faut établir, mécaniquement, la preuve d’une
infraction aussi simple que de brûler un feu, non seulement ce n’est
pas si aisé, mais encore force est de dire que le manquement n’est
pas si souvent constitué.

On s’interrogera finalement sur le point de savoir si la plus grande
différence entre le gendarme-machine et l’homme gendarme, également
faillibles, ne réside pas dans le fait que le premier, moins
sophistiqué, dissimule moins bien ses erreurs…

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