Chinoiseries éducatives

Chinoiseries éducatives

Savez-vous ce qui énerve les Américains chez les Chinois ? Les Chinois d’Amérique, s’entend ; ceux de Chine les exaspèrent en bloc, depuis qu’ils les inondent de produits dont ils ne peuvent plus se passer et qu’ils achètent avec le crédit que leur consent l’Empire du Milieu. Et depuis que Pékin manifeste l’insolence de se faire rembourser autrement qu’en roupie d’hirondelle. Laissez le manant vous prêter de l’argent et il devient rapidement insolent : ce n’est pas joli-joli. Mais s’agissant des Sino-américains, le problème est différent. Tant qu’ils trimaient dans la construction des chemins de fer, qu’ils s’usaient les doigts et la santé dans leurs blanchisseries, qu’ils défonçaient les tripes yankees avec leur cuisine exotique, tout allait bien : ils étaient de gentils métèques travailleurs, bien élevés et bon marché. Jusqu’à ce qu’ils fassent honneur à l’Oncle Sam en s’intégrant parfaitement.

Au point que les jeunes générations sino-américaines dament maintenant le pion aux descendants des premiers colons. Ils font des études brillantes, se montrent opiniâtres dans leur carrière et féroces dans l’ascension sociale. De vrais jeunes tigres. L’Américain adhère volontiers au mythe du melting pot, tant que les immigrés restent à leur place. Seulement voilà : ils vont maintenant jusqu’à critiquer la culture américaniste. Une éminente enseignante de la prestigieuse Yale, Amy Chua, vient de publier la recette de la réussite : l’éducation « à la chinoise ». Un authentique brûlot. Où il apparaît que la mère chinoise consacre toute son énergie à apprendre aux enfants leurs obligations, le seul droit de la progéniture étant l’obéissance à « mom ». Pas de sortie avec les potes, pas de gavage-télé, pas de jeux vidéo : les é-tu-des ! Pas de football ou de tennis : le violon ou le piano. Evidemment, une telle discipline tranche avec l’éducation de l’enfant-roi que pratiquent les mères américaines, qui sont outrées par la tyrannie matriarcale chinoise. Elles ont oublié que la domination passée de l’Amérique a reposé sur l’ardeur outrancière de ses premiers occupants et de leurs descendants. Au lieu de consacrer leurs loisirs à la drague, lorsqu’elles étaient adolescentes, elles auraient mieux fait d’étudier l’histoire ancienne. Pour comprendre comment le grand Hannibal a succombé aux délices de Capoue.

La recette du jour

Elevage façon Amy Chua

Au lieu d’étudier, vos enfants préfèrent triturer leur console Nintendo, avaler les séries-télé d’une niaiserie avérée ou glander avec leurs camarades. Normal : ils se sont américanisés. Offrez-leur une nounou chinoise à qui vous laisserez carte blanche. Vos gamins deviendront polytechniciens, énarques ou bandits de grand chemin. Voire les trois à la fois. Merci, Amy Chua !

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