Contes et psychanalyse

Contes et psychanalyse collective

Pour qui douterait encore de la proximité de Noël, les éléments probants et concordants s’accumulent pour dénoncer l’imminence de la trêve traditionnelle qui accompagne ce moment festif. D’abord, un froid mordant s’est abattu sur nos contrées, venant apaiser les angoisses réchauffistes des climatologues onusiens. Ensuite, par un geste de courtoisie qui l’honore, la météo a patiemment attendu le mois de décembre pour blanchir le paysage. Les cours de récréation vont ainsi s’égayer de combats de boules de neige, plus conformes à notre idéal de l’enfance que les pugilats sanglants qui en font désormais l’ordinaire. Et notre chat peut édifier un bonhomme de neige avec ses copains du quartier, au lieu de lacérer nos fauteuils Louis XV qui coûtent un bras à restaurer. Bref, Noël adoucit les mœurs, même chez ceux qui ne célèbrent pas la naissance du Christ.

Et pour parfaire le tableau, voilà qu’arrivent les contes de saison. Depuis Bruno Bettelheim, on n’ignore rien des vertus psychanalytiques du conte : ses personnages monstrueux favoriseraient l’apaisement des fantasmes ; ils auraient des fonctions initiatiques et pédagogiques, voire thérapeutiques. Le bon conte est celui que l’on connaît par cœur ; pour des soins efficaces, il est nécessaire d’abuser de sa répétition. Cette année, le bon docteur s’appelle Wikileaks. Il nous repaît d’histoires de Chefs d’Etat phobiques ou caractériels, dissimulant leur nature d’ogre dans la surconsommation de pralines belges. Ou abritant sous leurs draps leurs terreurs enfantines. Tel Obama, hanté par le « cauchemar » du nucléaire pakistanais. N’y a-t-il donc pas à la Maison-Blanche un médecin pour lui prescrire une tisane somnifère ? Jusqu’à ce jour, les « révélations » distillées par la presse sont autant de secrets que Polichinelle lui-même n’eût pas revendiqués, par crainte du ridicule. Si des personnes sont mises en danger par de telles informations, ce sont les membres du Congrès américain. Qui votent des budgets pharaoniques pour la défense, le renseignement et la diplomatie. Alors qu’il suffit d’une flaque d’eau pour terroriser Kadhafi et d’une belle blonde pour amadouer Berlusconi. Et d’un abonnement à Gala et à Voici ! pour en savoir autant qu’une armée d’ambassadeurs et d’espions.

La recette du jour

Ragoût de potins Wikileaks

Vous ne savez comment financer le remplissage des chaussons sous le sapin de Noël. Créez une agence de renseignement. Avec votre PC, collectionnez sur le web les innombrables potins que la presse distille chaque jour. Faites-en un ragoût concentré et revendez-le aux journaux comme un scoop : vous pourrez dévaliser La Samaritaine.

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