Décote d'un ex-Empereur

Décote d’un ex-Empereur

A quel personnage célèbre, aujourd’hui disparu, peut-on attribuer dix-sept femmes, pléthore de maîtresses et cinquante-six enfants ? Mais non, pas Eddie Barclay : l’empereur du microsillon ne s’est marié que huit fois et n’a laissé que deux héritiers. Petit bras, notre Eddie. Mais au moins sa succession en a-t-elle été simplifiée. Tel n’est pas le cas de celle de Jean-Bedel Bokassa, toujours pendante quinze ans après sa disparition. On ignore tout des subtilités du droit civil centrafricain, tout comme l’ex-empereur ignorait – ou négligeait – celles du droit fiscal français. Toujours est-il qu’il a laissé une ardoise au Trésor et que ce dernier entend recouvrer sa créance, malgré la protection que notre pays offrit au dictateur après l’avoir destitué manu militari. Ainsi donc, l’une des résidences françaises de Jean-Bedel vient de faire l’objet d’une vente judiciaire.

Le château d’Hardicourt (78) comporte une vingtaine de pièces (plus de 500 m2) et une maison de gardien, sur un parc à dimension humaine. Le tout n’est pas dans un état optimal, convenons-en. Et la baraque « semble » faire l’objet d’une occupation, par des gens susceptibles de n’apprécier que modérément leur expulsion d’un bien familial. Mais enfin, les possibles désagréments ont été largement provisionnés dans le prix d’adjudication : 915.000 euros. Pour le même montant, il est aujourd’hui difficile de trouver un trois-pièces-cuisine au centre de Paris, distant d’à peine 40 km du Château. Si donc vous avez des remords pour ne pas avoir participé à la vente, il vous reste encore une semaine pour faire une surenchère. Et ainsi vous offrir l’opportunité de vivre dans une demeure d’empereur, sans être obligé d’imiter le sulfureux prédécesseur dans sa frénésie copulatoire et son incontinence procréatrice.

Cette rubrique est libre de publicité. Le signataire garantit qu’il n’a aucun lien familial avec les Bokassa, ni avec le Trésor français.

La recette du jour

Mandarin impérial

Vous travaillez dur pour accroître le patrimoine familial mais vous répugnez au paiement de l’impôt. Investissez en Corse : vos héritiers attendront pendant plusieurs générations le règlement de votre succession. C’est plus sûr que d’être sacré Empereur centrafricain. Mais vous pouvez aussi devenir calife de Tunis : le poste devrait se libérer prochainement.

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