Il casino italiano

Il casino italiano

Dans la langue populaire italienne, il casino, c’est le foutoir. Les années Berlusconi auront été le théâtre de la montée en puissance de la confusione, une authentique pétaudière que la Péninsule a d’abord observée avec une indulgence bon-enfant, avant qu’elle ne dégénère en crise sociale et en crise politique : le ciment de l’unification du pays n’a jamais vraiment séché. Les frasques incessantes du Cavaliere, la litanie de ses saillies bouffonnes, sa constante vulgarité de bouvier ont servi de feuilleton popote aux médias largement captifs, notamment la télévision. Ce qui a permis d’atténuer des aspects bien plus dérangeants de la personnalité du Président du Conseil et de sa politique : des liens sulfureux avec la Pieuvre, l’obsession de la prospérité de ses propres affaires avec un bricolage judiciaire permanent, de façon à échapper aux procédures qui eussent mis à nu ses multiples manquements aux lois du pays.
Berlusconi incarne une véritable caricature des dérives que subissent un peu partout les démocraties dites « modernes ». Avec la mise en scène propagandiste et folklorique de l’action publique, la corruption généralisée et l’instauration d’une justice de classe au service des nouveaux maîtres – l’alliance sacrée des affaires et de la politique.

Certes, l’Italie a longtemps représenté un « cas à part » dans la Vieille Europe, à cause de son histoire et de sa culture bien spécifiques, un « modèle » auquel il convenait partout ailleurs d’échapper. Il semblerait que le contraire se soit produit. La seule différence, c’est le niveau d’exubérance, plus timoré dans les Etats du Nord. On saura demain ce qui résultera des motions de censure déposées contre le gouvernement Berlusconi. Dont les soutiens se délitent, même au sein de sa propre faction et en dépit des « contreparties » qui auraient été généreusement accordées pour le maintenir aux commandes. L’incertitude est grande, car le paysage italien offre les mêmes perspectives que les autres Etats de l’Union soumis à des tensions fortes : il n’y a pas d’alternative crédible. Avec le Cavaliere, la confusion ; après lui, la chienlit ?

La recette du jour

Soupe d’entropie à l’impériale

Vous êtes à la tête d’une famille turbulente et désunie. Bricolez à votre avantage exclusif la loi collective ; multipliez les abus de pouvoir ; pillez la caisse commune. Quand tous seront ruinés et épuisés par les querelles intestines, faites-vous sacrer Empereur et régnez sans partage jusqu’à votre retraite par assassinat.

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