La Bourse en octobre

La Bourse en octobre

Tout le monde a sa saison préférée. Les Français, dans leur ensemble, aiment bien les mois d’été, synonymes de grandes vacances. Les enfants plébiscitent décembre à cause du Père Noël. Les poètes apprécient le printemps qui fait fleurir leur muse ; chasseurs et cueilleurs de champignons se plaisent au cœur de l’automne. Mais les Boursiers du monde entier redoutent le mois d’octobre comme d’autres les chats noirs, le vendredi 13 ou le passage sous une échelle. Une superstition de caractère statistique : depuis l’octobre noir de 1929, les marchés financiers marquent une propension à l’hystérie baissière durant cette période. La seule raison objective que l’on puisse invoquer, c’est que la majorité des opérateurs croit à la malédiction d’octobre et agit en conséquence à la première occasion. Il suffit alors que les cours décrochent sur une séance pour que tout le monde suive. Car il est une règle intangible en matière de gestion de titres : suivre la tendance. Les marchés étant réputés omniscients, s’ils s’orientent dans une direction, c’est qu’ils ont de bonnes raisons d’y aller.

Cette année, les motifs ne manquent pas pour confirmer la réputation sulfureuse de l’octobre boursier. En supposant qu’ils aient encore une signification sur la planète financière, les « fondamentaux » ne sont pas brillants : la croissance joue l’Arlésienne et malgré la volée d’impôts qu’ils programment, de nombreux Etats sont exposés à la malédiction de la défaillance souveraine. Qui occasionnerait une grave rechute du système financier encore sous perfusion. Et pour couronner le tout, les chartistes – cette corporation de pythonisses qui lisent l’avenir boursier dans le sillage de leurs graphes – ont reconnu les signaux annonciateurs de l’orage. Les principaux clignotants sont au rouge foncé et laissent en conséquence augurer une purge carabinée. Il est plutôt rare que fondamentalistes et chartistes soient d’accord sur leurs prévisions. Mais pour une fois que leurs conclusions sont en phase avec le bon sens, il serait sans doute imprudent de les négliger. Et raisonnable de doter les portefeuilles des parapluies et imperméables appropriés.

La recette du jour

Banquet d’automne

Vous avez programmé un grand raout pour célébrer l’automne. Ne mégotez pas sur le menu et prévoyez des mets raffinés et coûteux. Vendez vos victuailles sur le terme d’octobre : vous les rachèterez à bon compte à l’échéance. Avec les profits, vous organiserez un banquet pour célébrer l’hiver.

deconnecte