La Bourse en tweets

La Bourse en tweets

Sur quoi reposent les fluctuations de la Bourse ? Vous n’êtes pas le premier à vous poser la question, ni le seul à n’avoir pas de réponse. De réponse pertinente, s’entend, à moins de prendre pour argent comptant la fable selon laquelle le « marché » intègre à chaque instant toutes les informations disponibles, les mâchouille et les digère à la vitesse de la foudre pour établir LE prix approprié du moment, celui qui correspond pile poil à l’anticipation des bénéfices futurs. Pour admettre que la valeur d’une firme puisse varier rationnellement plusieurs fois par seconde, et dans des proportions significatives, il faut admettre que l’on peut avoir connaissance de chaque grain de productivité dans l’entreprise : qu’une secrétaire soit distraite un peu plus longtemps que les rêvasseries syndicales autorisées, qu’un ingénieur commercial lambine à la lecture des informations économiques de l’Equipe, et voilà que le marché, en Big Brother omniscient, massacrerait le cours de cette entreprise peuplée de feignasses. Souriez, vous êtes filmé.

Heureusement, il n’en est rien. On sait depuis longtemps que le prix d’une firme résulte moins de l’activité de ses salariés que de l’humeur de ceux qui la cotent. Et l’humeur d’un coteur est aussi changeante que le temps en Bretagne. Essayez donc de vivre avec un trader et vous comprendrez vite, même s’il ne vous fait pas perdre 5 milliards en moins de temps qu’il vous faut pour les gagner. Pourtant, figurez-vous que la température de la Bourse serait corrélée à l’humeur collective, étalonnée par des chercheurs d’une université américaine à la teneur des messages échangés sur Twitter, ce « réseau social » de micropapotages (« tweets ») qui transforme ses utilisateurs en concierges bénévoles. Eh bien, sachez-le : si les messages envoyés aujourd’hui sont empreints de calme, alors le Dow Jones clôturera en hausse dans quatre jours. S’ils sont au contraire énervés en majorité, ce sera la baisse à la même échéance. Fiabilité : 90%. C’est le meilleur résultat jamais enregistré par un outil de prévision. Faute de disposer de l’équipement informatique approprié à l’analyse de messages innombrables, votre serviteur s’est transporté ce matin au Café du commerce, modèle réduit de la futilité d’un réseau social : l’ambiance était tendue. En foi de quoi peut-on prédire, avec 90% de chances, que le CAC 40 clôturera en baisse vendredi. Le conseil est gratuit, mais non garanti.

La recette du jour

Menu probabiliste

Etablir le menu familial de la semaine relève du casse-tête : on ne sait jamais ce qui fera plaisir à la maisonnée. Chaque matin, écoutez aux portes et mesurez l’humeur des occupants. Le calme vous autorise à prévoir, dans quatre jours, un plat épicé. L’énervement vous commande de programmer douceurs et sucreries. Vous avez ainsi 90% de chances d’éviter la soupe à la grimace. Merci Twitter !

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