La diversité source de diversion

« La défense des droits des Roms contre les discriminations dont ils font l’objet en Europe est une priorité de l’administration Obama » avait déclaré Dame Clinton, à l’occasion de la Journée internationale des Roms. On a alors craint que la Cheftaine du Département d’Etat ne transfère ses troupes de l’Afghanistan aux portes de l’Elysée, afin de sanctifier la légendaire obsession de l’Oncle Sam pour le respect des minorités. Aujourd’hui, selon le journal Le Monde, les Etats-Unis « invitent la France et d’autres pays à respecter les droits des Roms  », aux dires d’un haut-responsable qui a requis l’anonymat pour lancer son invitation. Il semblerait que cette question soit devenue une moindre « priorité » pour la Maison-Blanche, qui confie à un subalterne le soin de tancer poliment les contrevenants, sans signer ni affranchir le courrier d’admonestation. Car si chacun veut bien convenir qu’il n’est pas indispensable de rouler les mécaniques pour faire appliquer la loi, il n’est nulle part inscrit dans le marbre que les Roms, ou quiconque, puisse squatter impunément la propriété d’autrui. Sur le fond, les pouvoirs publics sont donc dans leur rôle en faisant évacuer les camps illégaux ; sur la forme, en revanche, la soudaineté de l’action, l’importance des moyens déployés, la publicité agressive faite aux multiples interventions, tout a concouru à projeter un nuage sulfureux sur des actes pourtant empreints de la plus stricte légalité. Il est permis de penser que cette démarche ostentatoire résulte d’un choix délibéré de l’Elysée. Si l’objectif était de secouer le cocotier, il est largement atteint.

A l’exception notable du Président du Conseil italien, dont le soutien constitue plus un fardeau qu’un réconfort, toutes les éminences européennes ont émis un hoquet d’indignation et stigmatisé le comportement de la France, souvent en des termes dont l’outrance n’a d’égale que le zèle provocateur de nos autorités à faire appliquer la loi. Il en résulte un climat de cour de récréation par temps orageux : la Luxembourgeoise Reding, Commissaire européen à la Justice, s’étant laissé aller à des comparaisons oiseuses, notre Président lui a suggéré d’accueillir au Luxembourg les Roms surnuméraires. Cela ne vole pas bien haut mais témoigne de la mauvaise foi générale sur le sujet. Et présente une authentique cohérence historique : le Luxembourg justifie d’une spécialisation reconnue dans le traitement du nomadisme… fiscal. Ce pays accueille avec diligence les capitaux nomades qui, comme les Roms, ne veulent pas vivre sur leur terre d’origine, où ils se sentent maltraités. Nous autres Français avons beaucoup reproché au Luxembourg sa conception intégriste de l’hospitalité ; normal qu’il nous rende aujourd’hui la monnaie de la pièce. Sans appliquer de taxe diplomatique.

La recette du jour

Stäerzelen à la Reding

Si vous trouvez sinistres les repas de famille, mettez de l’animation en confectionnant des stäerzelen. Ces quenelles étouffe-chrétien se composent de farine de sarrasin, de lard, de beurre et de crème. Vous devez logiquement susciter une levée de boucliers. Exportez alors vos excédents au Luxembourg, où l’on raffole de cette spécialité.