Le baptême de Gliese (...)

Le baptême de Gliese 581g

Connaissez-vous Gliese 581g ? Non, ce n’est pas un nourrisson prématuré de cinq cent quatre-vingt un grammes. Encore qu’il s’agisse d’une sorte de naissance pour les astronomes qui ont repéré cette exoplanète dont ils avaient déjà établi l’existence théorique, en révolution autour de la naine rouge Gliese 581, son soleil. Cela fait des années que les télescopes de l’Université californienne de Santa Cruz balaient la « zone habitable » de Gliese 581, qui loge dans la constellation de la Balance – la proche banlieue du système solaire, puisque simplement distante de 20 années-lumière de la Baie des Anges : avec un vaisseau spatial robuste, il ne faut pas plus de quatre siècles pour l’atteindre, sous réserve de trouver des stations-service sur le chemin. Si votre entreprise vous accorde les vacances appropriées, vous pourrez y faire un saut dès l’été prochain.

Pourquoi les astronomes mettent-ils autant d’opiniâtreté à balayer ce secteur de l’espace ? Précisément parce qu’ils ont identifié une zone habitable, c’est-à-dire susceptible de permettre la présence d’eau à l’état liquide, le composé jugé indispensable à l’éclosion de toute vie. Et mieux encore que ses sœurs satellitaires « c » et « d », Gliese 581g présenterait des températures de surface assez proches de celles de la Terre, même si sa face observée est un peu fraîche (entre -30° et -10°). Autant dire qu’elle pourrait potentiellement abriter des extraterrestres, une hypothèse qui passionne autant les scientifiques que les scénaristes de Hollywood. Voilà qui explique, en ces périodes de vaches maigres budgétaires, la poursuite des investissements dans les accélérateurs de particules, ces anneaux de vitesse plus longs qu’un circuit automobile, et surtout beaucoup plus coûteux. Car l’objectif est de produire de l’antimatière, dont l’existence fut prédite dès 1931 par le physicien britannique Paul Dirac lorsqu’il généralisa avec brio l’équation de Schrödinger (celui dont le chat, soumis aux règles probabilistes de la mécanique quantique, est à la fois vivant et mort). Car voyez-vous, avec quelques centigrammes d’antimatière dans son réservoir, votre vaisseau pourrait vous propulser aux confins de l’Univers beaucoup plus vite et sans avoir besoin de refaire le plein. A peine cent ans pour rejoindre Gliese 581g : plus personne ne voudrait prendre le métro. C’est ce qui est émouvant dans l’espèce humaine : elle n’a plus un fifrelin pour payer la note du boulanger, mais elle claque des fortunes pour dégoter d’hypothétiques extraterrestres. Finalement, le rêve nourrit mieux son homme que le pain.

La recette du jour

Positrons à la ET

Il ne vous reste que 300 milliards de dollars pour finir le mois. Ne paniquez pas. Construisez un accélérateur de particules et fabriquez un kilo d’antimatière pour votre vaisseau spatial. Puis partez à la recherche d’extraterrestres : cette quête est le plus efficace des coupe-faim.

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