Ménapiens versus Atrébates

Ménapiens versus Atrébates

« De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves » a noté César dans son De bello gallico, l’œuvre préférée des latinistes en herbe qui aiment réviser ses hauts faits dans Astérix. Le grand Jules (100-44 avant JC) fut bluffé par la vaillance des Belges au combat, bien qu’ils ne disposassent, selon l’illustre historien Goscinny (1926-77 après JC), d’aucune potion magique autre que la cervoise fraîche. Bien fraîche : pour la consommer tiédasse, les Bretons d’Outre-Manche se firent ratatiner en moins de deux tournées. En ces temps reculés, les peuplades de l’Occident baptisé « gaulois » par César présentaient toutefois une caractéristique commune : leur propension immodérée à la chamaille. En bon pragmatique, il les mit tous d’accord en leur infligeant équitablement le joug romain. Bien longtemps après les ides de mars, ses lointains successeurs ont renouvelé la pacification, sans armes cette fois, en inventant l’Europe.

Seulement voilà : les Belges demeurent un foyer d’irréductibles. Qui ne contestent pas l’imperium européen, dont ils abritent le cœur administratif. Mais leurs deux principales tribus n’ont toujours pas renoncé aux querelles ancestrales de voisinage. Tous veulent bien s’associer aux Slovènes ou aux Portugais, par exemple, dont la culture est aussi éloignée de la leur que Ljubljana l’est de Lisbonne. Mais Flamands et Wallons, qui se côtoient depuis des temps immémoriaux et se sont unis sous la bénédiction du fédéralisme voilà moins de vingt ans, ne parviennent même plus à s’entendre sur le partage du papier-toilette. Si bien que le pays se trouve dépourvu de gouvernement depuis les élections de juin dernier, et le sixième conciliateur, royalement désigné, vient de rendre son tablier. C’est l’incompréhension généralisée, même chez les autochtones. Au moment où la Communauté cherche à renforcer sa cohésion institutionnelle, et les obligations mutuelles entre Etats, la chienlit de la province belge confère une curieuse coloration à l’« union des peuples » que symbolise Bruxelles…

La recette du jour

Langue à la Belge

Vous êtes depuis longtemps marié mais n’avez jamais pu vous mettre d’accord avec votre conjoint sur la recette de la langue. Renoncez à ce plat et optez pour le consensuel waterzoi. Si le différend persiste, demandez le divorce. En cas de refus, abandonnez les fourneaux et relisez La guerre des Gaules.

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