Un nuage de taxes

Un nuage de taxes

Le saviez-vous ? Les Français seraient devenus plus raisonnables à l’égard du tabagisme. Sur les dix dernières années, la vente des cigarettes s’est effondrée de presque 40%. On dit bien la vente  : les statistiques ne prennent pas en compte le tabac de contrebande, ni les achats « off shore » par le canal d’Internet que les Douanes finissent toutefois par identifier. Pas étonnant que les accros cherchent tous les moyens d’alléger le coût de leur dépendance : chacune de leur clope leur fait fumer un maximum de droits et taxes, l’équivalent d’une TVA à 80%. De ce fait, les jeunes fument moins, paraît-il ; moins de tabac, s’entend, mais davantage de moquette, celle que l’on ne trouve pas dans les magasins de bricolage. Et dans les entreprises, depuis qu’il est devenu politiquement incorrect d’enfumer ses collègues, c’est la poudre qui prospère, celle qui maquille les naseaux et donne l’illusion aux renifleurs de comprendre la mécanique quantique – et les moyens d’empêcher les subalternes de piquer leur poste. Tout ça sans la moindre taxe au profit du Trésor : voilà un gisement considérable pour les budgets publics, que certains Etats américains exploiteront bientôt en légalisant les drogues prohibées.

En attendant, le tabac rapportera chez nous plus de 13 milliards de droits et taxes cette année, après leur récente augmentation. Qui était officiellement une réponse à la décision des fabricants de baisser le prix de certains de leurs produits, au nom de la concurrence. Les industriels ont bien compris le message et vont augmenter le prix du paquet de cigarettes de 6% – autant que la dernière majoration des taxes. Ils vont se faire davantage de thune avec la pétune. Et l’Etat également. Sans provoquer la moindre manifestation : les fumeurs ont mauvaise conscience. Voilà donc une piste intéressante pour colmater les brèches des finances publiques : le matraquage systématique de tous les péchés mignons et critiquables de nos concitoyens. Au vu du nombre considérable d’accros aux jeux de hasard, au football professionnel, aux journaux télévisés et aux pizzas surgelées – pour ne citer que les dépendances les plus criantes – il y a matière à équilibrer le budget en deux coups de cuillère à taxe. Et si cela ne suffit pas, un bon impôt sur les pensées incorrectes serait le bienvenu : il y a déjà 2.5 millions de contribuables potentiels (selon les syndicats), qui s’apprêtent à récidiver le 23 septembre. A ce rythme, nous serons bientôt le pays le plus riche du monde.

La recette du jour

Brouet d’indulgences

Vous cuisinez comme une patate et votre famille critique vos insuffisances. Ne cherchez pas à vous améliorer et instaurez une taxe sur chacune des récriminations. Avec le produit de la collecte, offrez-vous un bon restaurant qui calmera votre mauvaise conscience.

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