Angela superstar

42 à 26 : voilà un score brillant pour l’équipe d’Angela Merkel, qui conserve sa position de leader de la compétition allemande la plus suivie dans les chaumières européennes. Pas au point de ternir la victoire des basketteurs français, certes, ni de faire oublier l’absence tricolore sur le podium du championnat mondial de lutte gréco-romaine, dont le vainqueur russe ferait un carton dans l’électorat féminin s’il se présentait contre l’athlète Poutine. Assurément un beau poulet, le jeune Nikita Melnikov. Ce n’est pas avec un physique de star, ni avec des toilettes froufroutantes, ni avec un charisme de feu, ni avec des talents tribunitiens d’exception qu’Angela a remporté la victoire. Mais la Chancelière en titre dispose d’un capital de pragmatisme inaltérable et des nerfs façonnés à l’image de l’industrie teutonne. Autant de qualités lui garantissant la confiance d’un électorat qui a atteint la sagesse popote de la maturité – les Allemands font peu d’enfants, bien qu’aucun despote ne leur ait imposé une descendance parcimonieuse.

Les commentateurs font ce matin état des chantiers qui restent ouverts à la nouvelle législature. Notamment sur le terrain social, avec la grogne que suscite le nombre important de petits salaires et les risques qui pèsent sur les retraites – le pays vieillit à la vitesse de ses berlines de luxe. Autant de contraintes délicates dans un contexte de dégradation de la conjoncture mondiale, pour un pays qui assoit sa prospérité sur ses dispositions formidables à l’export. Mais ce sont surtout les cousins européens qui s’interrogent, notamment les plus fragiles. Car ils redoutent le repli de l’Allemagne sur ses préoccupations internes, avec les conséquences douloureuses qui pourraient en résulter sur sa solidarité à l’égard de l’Union. Il semble bien qu’une majorité, pas vraiment silencieuse, se soit constituée contre le soutien à livre ouvert, par Berlin et la BCE, des Etats-membres dans le besoin. Et quelques poids lourds de la politique émettent même l’idée d’un renoncement de l’Allemagne à l’euro – même si la faction défendant cette stratégie n’a pas franchi la barre des 5%. Il n’est pas certain qu’il faille attendre les débat des élections européennes pour que la pression monte sur ces questions. La décision prochaine de la Cour de Karlsruhe, relative à la constitutionnalité des opérations d’OMT projetées par la Banque centrale, pourrait bien donner le signal des empoignades. L’automne européen pourrait ainsi afficher des températures très supérieures aux normales saisonnières.

La recette du jour

Allemand 1ère langue

Vos parents vous ont imposé l’allemand en première langue lors de votre cursus du secondaire. Vous les avez légitimement maudits. Mais vous pouvez désormais leur témoigner toute votre gratitude : vos talents seront grassement monnayés dans l’industrie bavaroise, et seront peut-être bientôt réglés en deutschemarks. Danke Mutti !