Avis de coup de froid

Avis de coup de froid

Eh bien ! Le marché des espérances s’est sacrément rafraîchi. On savait déjà, grâce à l’Insee, que le moral des ménages français avait plongé en juin, pour approcher les basses-eaux de l’automne 2008. Nos concitoyens avaient alors bien raison de se faire du mouron : depuis cette époque, la situation a plutôt empiré. Et vu ce que leur équipe de foot a fait de ses crampons, on ne s’étonnera pas qu’ils aient le moral dans les chaussettes. Puisqu’il est question de faire désormais de grosses économies budgétaires, suggérons au Ministre du Budget de supprimer les organismes de prévision, ces machins coûteux et d’une efficacité hypothétique. Il suffit de les remplacer par le sondage mensuel de l’Insee, puisque les Français sont de bonnes grenouilles pour la météo conjoncturelle : ce serait tout bénef pour le Trésor.

Au même moment, voilà que la ménagère américaine, d’ordinaire pleine d’allant dans l’adversité, se met elle aussi à broyer du noir. Les analystes s’en sont montrés étonnés. Pas nous : le chômage monte en flèche, au même rythme que les saisies de maisons ; la marée noire empoisonne les côtes et le climat de Washington ; la guerre en Afghanistan détruit à marche forcée la croyance yankee en l’invincibilité de son armée. Et au milieu de cette fournaise, le Président joue à l’adjudant-chef d’opérette. Même l’optimisme congénital des Américains ne peut résister à une telle chienlit.

Quant aux Bourses du monde entier, elles se sont payé un gadin de premier ordre. Pas par solidarité avec la morosité ambiante : les financiers ignorent les sentiments humains. Mais plutôt par compassion intéressée à l’égard des banques commerciales. Notamment les banques européennes qui doivent, ce jeudi, restituer à la BCE une partie de la menue monnaie qui leur a été avancée voilà un an – déjà. Cette première traite représente… 442 milliards d’euros. Pas de quoi fouetter un trader, dites-vous ? Quand même, ça fait un joli paquet de Kerviels. Certains établissements sont suspects d’être un peu courts en cash pour honorer leurs engagements. Surtout en France, qui pourtant abrite les banques les plus solides du monde (selon la rumeur gouvernementale). Alors, évidemment, tout le petit monde de la finance pétoche sec. A tort : la BCE ne va pas laisser tomber les établissements à la peine. Enfin, pas tout de suite…

La recette du jour

Potée en hypothèque

Vos clients et fournisseurs doutent à bon droit de votre solidité financière : conviez-les à un grand banquet. Empruntez une gigantesque potée que vous exposerez dans votre show room. Comme vos invités vont rester inquiets, ils n’auront plus faim le jour du festin. Vous pourrez alors rembourser votre emprunt en totalité. Sauf si d’aucuns ont à votre insu tapé dans la potée, vous empêchant de lever l’hypothèque. Attribuez-vous alors un gros bonus et réfugiez-vous dans l’île d’Arros (un endroit tranquille qui, apparemment, n’appartient à personne).

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