Corrida financière à (...)

Corrida financière à Madrid

Vous craignez pour la santé économique de l’Espagne ? Vous avez tort. Les partenaires européens affichent à son égard une complète sérénité. La BCE aussi, bien qu’elle s’emploie à inonder les banques espagnoles de liquidités. Même le Directeur général du Fonds monétaire international, lors de son voyage inopiné à Madrid, s’est déclaré « très confiant » dans les perspectives espagnoles à … « moyen-long terme ». Ah, bon. C’est quand, le moyen-long-terme ? Dans le langage des éminences, le moyen terme correspond à une date proche de la fin de leur propre mandat. Prendre des « mesures de moyen terme » consiste donc, le plus souvent, à créer une commission chargée d’enterrer le problème jusqu’à cette échéance. Pour le long terme, il s’agit clairement de questions qui seront à la charge de leur successeur, si ça l’amuse. Le moyen-long terme se situe ainsi dans une zone indécise comprise entre “un jour ou l’autre” et quand “les poules auront des dents”. On peut donc supposer que la prophétie strauss-kahnienne a complètement rassuré le pékin espagnol.

Certes, l’Espagne est récemment parvenue à lever les fonds désirés sur le marché. Mais à un taux qui va bigrement renchérir la paire de castagnettes. Voilà pourquoi, dit-on, Jean-Claude Trichet tannerait le cuir des gouvernements européens, pour les inciter à débloquer une grosse ligne de crédit à Madrid, sur la cagnotte virtuelle du Fonds de solidarité financière qu’ils ont laborieusement mis en place. Car l’Espagne montre sa bonne volonté : le Parlement vient d’adouber une profonde réforme du marché du travail, que le Directeur du FMI juge « cruciale » et que les syndicats locaux conspuent avec la dernière énergie. En foi de quoi Dominique Strauss-Kahn a-t-il conclu : « Je ne serais pas surpris que l’attitude des marchés envers l’Espagne change dans les semaines ou mois à venir ». Nous non plus, Dominique, on ne serait pas surpris que leur attitude change. En pire.

La recette du jour

Criadillas à la madrilène

Prenez un toro espagnol pas trop agressif et engagez un torero vigoureux pour le combattre. Dès qu’il est occis, faites prélever ses bourses (celles du toro, s’entend) et faites-les coter à Madrid. Si personne n’en veut, vous êtes ruiné. Licenciez alors le torero sans indemnités : vous serez félicité par le Directeur général du FMI, pour votre contribution efficace à la réforme « cruciale » du marché du travail.

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