Cuba fait sa com'

Cuba fait sa com’

Longtemps la France a envoyé ses renégats casser des cailloux à Cayenne. C’était une façon de les condamner à une mort un peu plus lente que la pendaison, mais à peine moins cruelle. Longtemps Cuba a parqué chez elle les opposants à la république castriste, faute de posséder un territoire lointain pour les soustraire à la vue des citoyens disciplinés. Et puis tout à coup, par la magie de la crosse cardinalice du prélat havanais et l’appui séculier du Ministre des Affaires étrangères espagnol, voilà que Castro-le-Jeune annonce l’élargissement d’une demi-centurie d’opposants pacifistes, et leur transfert à Madrid. Pas un mot d’explication de Raul ni un entrefilet dans Granma, la Pravda locale. On ne peut imaginer que Cuba ait vendu la force de travail des ses renégats aux entreprises espagnoles de travaux publics, et leur âme au clergé madrilène. Faut-il alors penser que la crise frappe à ce point Cuba que le pays ne puisse plus nourrir ses prisonniers ? Un seul d’entre eux, il est vrai, est engagé dans une grève de la faim, ce qui laisse pas mal de bouches dissidentes à nourrir. A moins que La Havane ne recherche un peu d’audience internationale, pour des motifs encore indéterminés.

Car dans le même temps, Castro-l’Ancien sort de sa retraite pour une intervention de Cassandre à la télévision cubaine. On connaît de longue date son obsession pour le bellicisme américain (avéré) et pour le suréquipement de l’armée US en engins destructeurs (probable). Pour Fidel, dont l’âge et la maladie n’ont apparemment pas altéré le goût de la géopolitique et la détestation des Yankees, nous sommes désormais très proches d’une intervention en Iran. Puis viendrait le tour de la Corée du Nord. Voilà maintenant des années que la « question iranienne » s’envenime sous la pression des postures outrancières des protagonistes. Chacun s’accorde à reconnaître que la possession de l’arme nucléaire par l’Iran rendrait explosif le climat de la zone. Mais une guerre contre Téhéran serait un authentique cataclysme. Cela dit, en ces temps de crise économique, politique et morale, une hypothèse suicidaire ne peut être exclue. Pour autant, en dépit de son extraordinaire longévité au pouvoir, Fidel ne peut revendiquer le statut de prophète. Cinquante ans après avoir été promis par sa Révolution, le paradis cubain se fait toujours attendre. Le pays demeure très pauvre et il est redevenu l’immense claque du temps de Batista. En plus discret, c’est vrai, et les Américains n’y sont pas admis. Et si vous commandez là-bas un arroz con pollo, plat typiquement cubain, le riz vient (certainement) de Chine et le poulet (probablement)… des Etats-Unis.

La recette du jour

Pâtée pour pigeons

Vous êtes un cuisinier pitoyable et la clientèle déserte votre restaurant. Accusez alors le monde entier d’être tombé sur la tête et vos contemporains d’avoir une âme aussi noire que la vôtre. Comme ce que vous dites n’est pas faux, quelques pigeons viendront se poser sur vos tables. Servez-leur alors des plats que vous achetez à vos concurrents.

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