Du bon usage de la (...)

Du bon usage de la burqa

Aux dernières nouvelles, le Conseil constitutionnel pourrait s’opposer à la stricte interdiction de la burqa. Quel soulagement ! Non que l’on soit vraiment accro à ce vêtement paradoxal, qui permet de circuler incognito tout en étant certain de se faire remarquer. Mais pour une femme, il présente l’avantage de soustraire ses appas à la concupiscence du pékin. Et dieu sait si le pékin se montre concupiscent. Voilà pourquoi il est raisonnable de brider les velléités gouvernementales en matière de réglementation vestimentaire. Car autrement, les hommes pourraient demain se voir interdire le canotier, qui masque si bien les charmes de la calvitie, et prohiber le port du pantalon, qui dissimule efficacement le poil aux pattes – dont le sex-appeal est légendaire.
Puisque personne n’a manifestement compris la portée véritable de cette croisade anti-burqa, que la plupart des gens jugent futile et inutilement provocatrice, qu’il nous soit permis de dévoiler ici les vrais motifs de la guérilla et les authentiques ressorts de la stratégie poursuivie. En réalité, l’ambition n’est pas d’interdire la burqa, mais d’en réserver l’usage exclusif à la puissance publique.

Il est en effet envisagé de draper les finances nationales d’une burqa comptable, dissimulant aux regards indiscrets le potelé des dépenses, le galbe des dettes et la crudité des déficits. Bonne idée. Mais sans se montrer exagérément suspicieux, on peut supposer que la confection de ce voile pudique a déjà commencé ailleurs qu’en Grèce – où les tailleurs ne sont pas vraiment raffinés, pour l’avoir cousu de fil blanc. Cette soudaine aspiration à l’ordre moral (chez les édiles) appelle tout naturellement l’austérité (chez les citoyens). Mais au vu de l’étendue des passifs, l’austérité promet de se révéler insuffisante. L’ascèse semble plus appropriée. A condition que les populations l’acceptent sans barguigner, ce qui est une autre paire de manches (de burqa)…

La recette du jour

- Bouillon en burqa

Recette pour un banquet de régime.
Cuisez une poule bien grasse. Pendant ce temps, découpez une fine meurtrière dans un linge noir. La cuisson achevée, débarrassez la volaille : vous la consommerez plus tard, lorsque vos invités seront partis. Versez le liquide dans une soupière et recouvrez du linge ajouré, de façon à ne laisser apparaître que les yeux du bouillon : vos commensaux perdront immédiatement l’appétit et réclameront derechef le café. Avec les économies réalisées, faites un don au Conseil constitutionnel.

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