Focus sur les arbitres

Focus sur les arbitres

Heureusement que l’arbitrage au football est une activité correctement rémunérée. Parce qu’il faut à la fois une forme physique olympique, un œil de lynx, des oreilles de sonar, un charisme napoléonien, une sérénité de moine tibétain et une intégrité à toute épreuve – les démons tentateurs ne manquent pas. Parce qu’il faut en supplément intégrer les erreurs possibles de ses collègues, les petites truanderies des joueurs et la mauvaise-foi patentée des supporters. En dépit de cette forêt de handicaps, les fautes manifestes d’arbitrage sont plutôt rares. Si bien que le débat en cours sur l’introduction de contrôles vidéo promet de s’enliser dans les outrances technologiques : il n’y aura jamais assez de caméras pour prévenir tout risque d’erreur. A moins de charger chaque joueur d’un caméscope panoramique sur le front et d’un autre au… enfin, où vous voulez pour surveiller ses arrières. Bref, l’erreur d’arbitrage ne peut pas être complètement éradiquée, en dépit des qualités remarquables des professionnels.

Et en matière financière, direz-vous ? Il y a aujourd’hui quatre principales agences de notation qui se partagent (inégalement) le terrain. Leurs aptitudes ont été vigoureusement contestées à la lumière des innombrables erreurs d’arbitrage qui ont été relevées lors de la crise des subprime. Depuis, elles essaient de se refaire une virginité en sifflant les fautes avant qu’elles ne se produisent, si bien qu’il n’y aura bientôt plus personne pour jouer aux jeux d’argent. Et le plus cocasse, c’est que l’agence Standard & Poor’s (la plus importante) vient de sortir un carton orange contre… sa concurrente Moody’s. Au motif qu’avec l’évolution de la réglementation aux States, « les investisseurs pourront poursuivre les agences » si leur notation se révèle critiquable (entendez par là : foireuse ou frauduleuse). Ce qui devrait, ajoute S&P au cas où vous n’auriez pas compris, « accroître les frais de justice de Moody’s ». Voilà une autre façon d’affirmer que cette agence fait n’importe quoi et délivre la note souhaitée à qui paie le prix approprié. Merci du tuyau, mais on se doutait déjà que toutes les agences sont suspectes d’utiliser des modèles ésotériques et de s’arranger avec le seigneur-payeur. On devrait les envoyer se former à la FIFA, sous l’œil des caméras…

La recette du jour

Andouillette Moody’s

Cuisiner l’andouillette relève d’une grande simplicité. C’est l’achat qui est délicat. Pour prévenir le risque de tomber sur une andouillette grecque ou irlandaise (très peu appréciées), demandez le concours de Moody’s, choisissez le produit qu’elle note AAAAA et payez-lui des commissions prohibitives. Si votre andouillette est quand même immangeable, faites un procès à l’agence. Avec le produit des dommages et intérêts, aménagez un jardin potager : les légumes sont plus adaptés que l’andouillette à votre taux de cholestérol.

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