Forfait par abandon (...)

Forfait par abandon ?

La journée d’hier à Roland Garros a offert une bonne métaphore de la situation économique. Les Suisses, qui ne sont pas gens à mettre leurs raquettes dans le même sac, ont encore un représentant en compétition. Malgré les hasards malencontreux du tableau, qui ont fait s’opposer leurs deux derniers ressortissants. Mais il est vrai que les Helvètes aiment bien rester entre eux, même pour la bagarre : « En Suisse, il est interdit d’être pauvre, interdit d’être étranger, et interdit d’étendre son linge aux fenêtres » dit avec justesse un personnage de John le Carré. La France avait déjà flambé (presque) tous ses champions, bien que le fait de jouer chez soi emporte un avantage certain. Et le dernier mousquetaire en lice a dû abandonner piteusement, accablé par ce que l’on a compris être une migraine fessière – tout ça manque singulièrement de panache, n’est-ce pas ?

Il en va de même dans les commentaires, autorisés ou non, que distille ordinairement un week-end de printemps. Sur le front de l’emploi, les statistiques du mois dernier sont angoissantes. Mais dame Lagarde nous assure qu’il faut y voir la fin d’une tendance qui s’est d’ores et déjà inversée. Car l’Europe tient bon la rampe de la solidarité et s’accroche au radeau de l’austérité généralisée, cette nouvelle martingale salvatrice que les autorités sortent de leur chapeau, après trente années d’insolente gabegie. Et notre pays entend être un modèle dans le retour rapide à des déficits admissibles par les « marchés », ce qui suppose de mettre une pression terrible sur les contribuables. Il va falloir réussir plein d’aces pour assurer le service de la dette.

Pourtant spécialiste de la prudence et de la patience que requiert la terre battue, l’Espagne vient d’être détrônée du podium de la dette souveraine. Et la France commence à sentir le vent du boulet : « L’objectif du maintien de la note AAA est un objectif qui est tendu et qui est un objectif qui conditionne pour partie, en effet, les politiques d’économie que l’on souhaite avoir » a déclaré notre Ministre du Budget, avec une franchise candide et une syntaxe déglinguée. En avouant que notre pays pourrait bien perdre un set contre les agences de notation, M. Baroin semblait s’être assis sur le même clou que Tsonga, au point que l’on a failli sonner le médecin de garde. Notre état est-il à ce point compromis qu’il faille se résoudre au forfait par abandon ? L’hypothèse n’est peut-être pas saugrenue. Et nous autres Français ne sommes pas les seuls à avoir mal au popotin…

Recette du jour

Pince-fesses à la Jo-Wilfried

Invitez chez vous tous vos amis et promettez-leur une fête inoubliable. Puis après avoir bâclé le service de l’apéritif, invoquez un pet de travers et renvoyez-les dans leurs foyers. S’ils partent sans casser le mobilier, savourez dans la solitude les joies de la goujaterie.

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