L'hirondelle de la (...)

L’hirondelle de la Bourse ?

Connaissez-vous la firme BHP Billiton ? Et PotashCorp ? Si la réponse est non, vous allez bientôt être éclairé : toutes deux sont de gros producteurs d’engrais, respectivement américaine et canadienne. Et la première vient de lancer une OPA hostile sur la seconde, susceptible de coûter au moins 40 milliards de dollars US. Un gros paquet. Si l’opération réussit, BHP Billiton deviendra le numéro un mondial dans le secteur des fertilisants, avec une part de marché importante en Chine, considérée comme un eldorado par les (rares) producteurs de potasse. Pour conduire l’offensive, la firme américaine s’est assurée un financement bancaire à hauteur de 45 milliards de dollars, outre sa trésorerie estimée à 11 milliards. Autant dire que les Yankees s’attendent à payer l’affaire sensiblement plus cher que leur prix d’offre, déjà généreux.

En quoi une telle OPA doit-elle attirer notre attention ? Elle est d’abord significative de l’agressivité actuelle des financiers pour prendre le contrôle des ressources naturelles, à des prix anormalement élevés face à leur rentabilité présente. C’est le syndrome du « corner », rendu célèbre en son temps par les frères Hunt qui ambitionnaient de squeezer le marché de l’argent métal. Accessoirement, ils perdirent leur fortune dans l’aventure. Mais il y a aussi le signal que cette attaque va délivrer aux marchés boursiers : si les industriels se remettent en chasse, c’est que les actions sont trop faiblement valorisées. Et si les banquiers les suivent, c’est qu’il y a de l’argent à gagner. Peut-être bien. Ou peut-être pas : au vu de la situation, BHP devra payer au moins 20 fois les bénéfices de Potash attendus en 2011, quand son propre titre se traite à… 11 fois. D’un point de vue strictement financier, l’Américain aurait plutôt avantage à racheter ses propres actions. Il va être intéressant d’observer comment les gestionnaires professionnels vont réagir, eux qui sont en ce moment plutôt sceptiques sur la croissance future, au point de préférer acheter des obligations émises par des Etats que tout le monde sait insolvables. S’ils ont passé de bonnes vacances, ils sont capables de croire à la reprise. Au contraire, si les spéculateurs n’ont pas oublié qu’une OPA-hirondelle ne fait pas le printemps boursier, le Conseil d’administration de BHP privera d’engrais le bonus de ses dirigeants. Avant de passer au désherbant tout le staff. On compatit par avance.

La recette du jour

Voatsiperifery en OPA

Vous avez assis votre réputation sur la préparation des fraises des bois au voatsiperifery. Ce poivre sauvage étant rare, vous engagez votre fortune dans une OPA sur cette épice raffinée. Si votre corner réussit, vous pourrez vous offrir des fraisiers en or massif ; si les gourmets se rabattent sur le piment d’Espelette, vous serez ruiné. Mais vous aurez les moyens de poivrer vos héritiers et vos banquiers jusqu’à la quinzième génération.

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