La Commission blanchisser

La Commission blanchisserie

Ah ! quel boulot, le mandat de député ! Il y a des moments où vous ne savez plus où donner de la tête. Surtout si vous faites partie de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation, dont le champ de compétences est aussi vaste que les steppes sibériennes. Hier, par exemple, vous avez dû abandonner vos collègues non spécialistes à la passionnante discussion, en deuxième lecture, « de la proposition de loi, modifiée par le Sénat, relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants. » Un sujet qui vous passionne autant qu’il captive les médias, lesquels s’en font chaque jour l’écho à pleines pages. Au lieu de cela, vous avez été convoqué en secret pour vous taper une audition qui ne figure même pas sur l’agenda officiel de la Commission. Une audition à huis clos, tant le thème était brûlant et susceptible, en cas de fuite, de provoquer la prise de la Bastille ou, pire encore, un entrefilet dans le Canard enchaîné. Vous avez donc fait contre mauvaise fortune bon cœur et interrogé Raymond Domenech et Jean-Pierre Escalettes, sur les raisons qui ont conduit l’équipe de foot à la brillante Bérézina du Mondial.

Oui, bien sûr, vous êtes dans votre rôle en auditionnant ces responsables. Certes, ils sont tous deux démissionnaires, ce qui affaiblit un peu votre démarche. Mais de toute façon, vous n’avez pas une once d’autorité sur la FFF et votre influence sur les joueurs est aussi importante qu’un dégagement dans les tribunes présidentielles. Heureusement, l’un de vos collègues, plein d’inspiration, a trouvé un juste motif pour l’intervention : elle était légitime « à partir du moment où l’image de la France est ternie ». Telle est donc la noble fonction de la Commission des affaires culturelles : blanchisseur de l’image de la France, lorsque des gougnafiers osent la ternir. Vos électeurs, qui ont depuis quelques temps la critique facile – on se demande bien pourquoi –, pourraient bien ne pas l’entendre de cette oreille. Et même vous prendre au mot, en exigeant que vous blanchissiez rapidement le linge sale de toute la famille. Apparemment, il y a du travail en retard. Faute de quoi, remontés comme ils le sont, ils pourraient bien brandir le carton rouge à la plus proche occasion.

La recette du jour

Frichti façon député

Votre table a longtemps joui d’une réputation flatteuse. Mais depuis quelque temps, la brigade n’en fait qu’à sa tête, se querelle sans cesse et crache dans la soupe. Votre dernière réception ayant été un fiasco, vos invités sont repartis atterrés. Attendez que vos employés démissionnent et interrogez-les à huis clos : comment ont-ils osé ternir votre image ? Si vous n’obtenez pas de réponse pertinente, engagez des philippins : ils cuisinent comme des patates mais ils ne coûtent rien.

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