La Grèce en solde

La Grèce en solde

Si vous ne savez pas où placer vos économies, parce que les emprunts d’Etat sont suspects, parce que le cours des actions est vraiment caractériel et l’avenir de l’immobilier trop incertain, il est temps pour vous de prendre quelques jours de vacances en Grèce. Le pays est reposant, généreusement ensoleillé et riche en remarquables ruines… antiques – qui ne sont pas à vendre, du moins pas encore. Le pays, qui vient d’obtenir de grosses lignes de crédit de l’Europe et le « concours » du FMI, s’emploie à donner quelques gages à ses créanciers, présents et futurs, selon les canons ordinaires du Fonds monétaire international et de la Commission européenne. Par la voix de son Premier ministre, Athènes a annoncé une vague de privatisations (partielles, pour commencer sans trop affoler l’électorat) qui vont concerner les services postaux, le transport ferroviaire et la distribution d’eau. Le pays escompte en tirer « un milliard par an jusqu’en 2013 », sans que l’on sache si l’espace-temps ainsi défini est borné ou non borné : la Grèce va donc renoncer à la propriété exclusive de la Poste, des Chemins de fer et des très lucratifs services de l’eau, pour une somme comprise entre 2 et 4 milliards d’euros. Sans avoir vu de détail des dossiers, il semble bien que ce soit une bonne affaire pour les acheteurs potentiels…

Sachant que la dette grecque dépasse à ce jour 300 milliards, les rentrées attendues de la privatisation vont représenter, au mieux, entre 2 à 3 mois… d’intérêts de ladite dette. Même si les pays du Sud ont une mauvaise réputation en matière de gestion, il paraît hautement improbable que vous y trouviez un seul pèlerin disposé à sacrifier son capital productif pour gagner moins d’un trimestre de paix avec ses usuriers. De ce fait, le « plan de sauvetage » de la Grèce s’inscrit en droite ligne des méthodes de « l’Ecole de Chicago » déjà utilisées ailleurs et dénoncées par Naomi Klein dans La stratégie du choc : les Grecs font se faire détrousser en beauté.

Vendre l’argenterie constitue une solution de dernier ressort pour apurer une dette excessive. Mais la brader pour simplement payer les intérêts, c’est s’exposer à coup sûr à des lendemains très douloureux. D’évidence, les soldes ne font que commencer à Grèce…

La recette du jour

Mendiants à la grecque

Vous avez les amandes, les figues, les noisettes et les raisins mais il vous manque le chocolat. Empruntez pour l’acquérir et vendez vos casseroles pour payer les énormes commissions des banquiers. Si le FMI vous prête sa cuisine, offrez vos mendiants en règlement du loyer.

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