La foudre Merkel

La foudre Merkel

Elle a piqué une grosse colère, dame Merkel. Il faut dire que tout le monde lui chauffe les oreilles, en ce moment. Ses électeurs lui ont reproché de secourir les cigales européennes, ce qu’elle a pourtant fait contre son gré. Et puis le président Sarkozy est toujours sur son dos et fait que de l’embêter. En prime, les banquiers, allemands et autres, prétendent lui expliquer la vie – celle des marchés financiers – et n’arrêtent pas d’escagasser son paillasson. Trop, c’est trop.
Du coup, elle leur a envoyé un exocet, aux « marchés ». Dès mardi, en interdisant sur son sol certaines pratiques qui font les (gros) bénéfices des banques et les (très gros) embarras des Etats. A savoir les bidouillages du « naked shorting » sur les emprunts souverains et leurs CDS – ces certificats d’assurance contre la défaillance. Le naked shorting, c’est la « vente à découvert à nu ». Pourquoi « à nu » ? penserez-vous, puisqu’une vente à découvert, par principe, suppose que l’opérateur ne possède pas les titres qu’il vend. Pour la raison suivante : les créances en cause sont négociées au comptant, et non à terme sur un marché réglementé comme le RM parisien, qui organise le prêt des titres « shortés » si leur livraison est demandée. Si bien que vendre au comptant un titre que l’on ne possède pas, c’est au mieux de l’étourderie, et au pire de l’escroquerie. Voilà pourquoi cette pratique n’est ordinairement pas autorisée. Mais comme elle n’est pas formellement interdite, eh bien, elle s’est généralisée. A Paris, à Londres et à New York, la décision de Merkel a soulevé un tollé compréhensible : si l’on ne peut plus truander en paix, il n’y a plus qu’à se rhabiller.
Le lendemain, pour faire bonne mesure et rassurer ses troupes du Bundestag, Angela a vigoureusement encouragé ses collègues européens à gérer leur pays sur le modèle de l’Allemagne. Ceux qui continueront à vivre « au-dessus de leurs moyens » seront déchus de leurs droits et prérogatives, et privés de dessert. S’ils s’entêtent, on les mettra en faillite et au pain sec. Compris ? Du coup, les places boursières nous ont fait un caca nerveux. Preuve que lorsque Merkel s’exprime, tout le monde l’écoute. Et les financiers la croient. Chapeau bas, Angela !

La recette du jour

Pasta all’Angela

Choisissez des pâtes de bon calibre (type Grosse Bertha, en vente chez Krupp) et cuisez-les dans un bain de schnaps. Pendant ce temps, préparez une sauce all’arrabiata (« en colère », en italien) que vous pimenterez généreusement. Si vos invités suffoquent, rajoutez du piment jusqu’à ce qu’ils se déshabillent. Dès qu’ils sont nus, vendez-les à découvert.

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