La pelle du 18 juin

La pelle du 18 juin

On prétend que lorsque Charles de Gaulle occupait l’Elysée, il payait de ses deniers l’affranchissement de son courrier personnel. Nul ne sait quelle est la part de légende dans ces allégations et personne n’a jamais calculé son quota de correspondance privée. Mais de ce que l’on connaît de lui, qui se comportait en Président jusque dans ses relations familiales, il est permis de supposer que le courrier strictement personnel était rare. En tout cas, il est établi que nul ne l’a jamais soupçonné de taper dans la caisse commune.

Alors que résonne le souvenir de l’appel du 18 juin, le spectacle qu’offre aujourd’hui l’arène politique française eût déclenché le courroux jupitérien du Grand Charles, ponctué de quelques apophtegmes assassins, et provoqué chez Tante Yvonne d’intenses vapeurs de réprobation. Ce n’est pas que la Cour gaullienne se soit toujours montrée irréprochable ; quelques péripéties sulfureuses ont alors écaillé le vernis de respectabilité des barons de l’après-guerre. Mais il faut admettre cette évidence : avoir vaillamment combattu pour le salut de la France n’immunise pas pour autant un élu contre les penchants immémoriaux de l’espèce humaine.

Peut-être notre souvenir n’est-il pas très fidèle, mais il semble que les roueries ministérielles de l’époque étaient moins systématiques et – comment dire ? – moins vulgaires. Nul n’eût imaginé alors cumuler une retraite d’élu avec un traitement d’élu, loger ses maîtresses dans les demeures de la République ou facturer au Trésor une combustion industrielle de havanes. D’abord parce qu’Yvonne veillait sur la moralité des commis, ensuite parce que Charles fumait les Voltigeurs de la Seita – des cigares de hobereau provincial. Que la divulgation des multiples combines contemporaines éclose à cette date, voilà qui n’est pas bon signe pour ceux qui en sont coupables : ils pourraient bien s’exposer à la pelle du 18 juin.

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