La retraite en soins (...)

La retraite en soins intensifs

Enfin une bonne nouvelle : la retraite va être réformée. Certes, voilà un quart de siècle que l’on nous en fait la promesse, sans que soient intervenus des changements vraiment perceptibles. Certes, nous toucherons nos pensions plus tard, en contrepartie de cotisations majorées, et les prestations seront rabotées. Mais au moins, le principe en est maintenu. Alors que, entre nous, au vu des « fondamentaux » de notre pays, qui ont l’allure d’une pomme reinette au sortir d’un hiver rigoureux, il était permis de redouter que la garantie des pensions ne se ridât irrémédiablement. Eh bien non. Notre gouvernement travaille d’arrache-pied sur le sujet, Bercy est mobilisé et a déjà pondu trois tomes de solutions possibles (faute d’être toujours acceptables), et la concertation se poursuit avec les aristos du Medef et la roture du Tiers-Etat syndical.

Il ne manque donc pas de solutions au problème – grâces soient rendues aux statisticiens et prévisionnistes du Trésor. C’est-à-dire que d’un point de vue technique, rien ne s’oppose à la mise en place de procédures permettant d’assurer durablement l’équilibre des régimes. Mais évidemment, chacune de ces solutions techniques emporte un contenu politique. Et c’est là qu’intervient la « concertation », ainsi (mal) nommée la foire d’empoigne où les différents protagonistes essaient de tirer les marrons du feu sans s’exposer à des brûlures du troisième degré.

Il est vraisemblable que les choix gouvernementaux soient déjà arrêtés, comme en témoignent les démentis trop récurrents pour ne pas être suspects. Du reste, le Ministre de l’Industrie avait été envoyé en éclaireur, afin de tester sur l’opinion l’hypothèse du recul de l’âge légal – qu’il a présentée comme une décision incontournable. Ce n’était pas une « bourde », comme l’ont démontré les récentes confirmations, mais un ballon d’essai jugé indispensable : « les 60 ans » passent pour un véritable tabou dans notre pays, le seul en Europe où l’on parte aussi jeune en retraite. En tout cas, le nouvel éclaireur gouvernemental Kit Carson ne manque pas de panache. Il s’est courageusement acquitté d’une mission à hauts risques en territoire hostile, et il en est revenu sain et sauf. S’il suit la voie de son illustre prédécesseur, il sera sûrement promu au grade de brigadier-général.

La recette du jour

Retraite en soufflé

La retraite est le dessert favori des Français. Prenez une marmite de la taille d’une grosse tirelire. Jetez-y régulièrement quelques brassées de cotisations et faites mitonner à feu doux. Si le soufflé n’a pas monté au bout de 41 ans, augmentez la flamme, rajoutez des ingrédients et continuez à travailler. Si à la cinquantième année votre soufflé a toujours l’allure d’une galette bretonne, la retraite est ratée et c’est vous qui êtes cuit. Il ne vous reste plus qu’à devenir trader pour vous gaver de bonus.

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