Le grand show des statist

Le grand show des statistiques

La publication des statistiques officielles, c’est un spectacle permanent dont les conventions sont aussi rigoureuses que celles du théâtre classique. La première étape repose sur le consensus des analystes, ainsi nommé le jeu de pronostics des différents instituts spécialisés, des propagandistes stipendiés, des pythies professionnelles et des Paul le Poulpe amateurs. La moyenne de ces oracles, pondérée de l’air du temps, établit « l’attente des analystes », c’est-à-dire le chiffre sensé crédibiliser l’expertise de ceux qui l’ont pondu. La deuxième étape repose sur la publication elle-même, un moment aussi excitant que le bouquet du feu d’artifices. Si le chiffre « déçoit les attentes », les gestionnaires râlent et vendent du papier ; dans le cas contraire, ils saluent la sortie du bon numéro en faisant monter les Bourses, et ils débouchent une bouteille de Dom Pérignon. Un rituel bien établi et pourtant négligé par les anthropologues. La troisième étape devrait être la plus importante : c’est la publication du chiffre définitif. Mais bon, l’info n’intéresse alors plus personne, surtout si le résultat définitif est moins sympathique que la première estimation. L’énorme travail des statisticiens sert donc principalement l’industrie du pari, totalement vaine, et la consommation de champagne, indispensable à la survie des parieurs sur titres.

Ainsi donc, hier, a été publiée la variation de la production industrielle américaine au mois de juin. Un indicateur jugé important, notamment pour son impact sur l’emploi. Les analystes s’attendaient à ce que la production chutât de 0.1% sur le mois – pas de quoi fouetter un chat. Ils se sont trompés, bien entendu : cette même production aurait augmenté de 0.1%. Champagne ! Sauf que, nous dit la dépêche officielle, la production manufacturière a baissé de 0.4% : si les usines fabriquent moins, comment l’industrie peut-elle produire plus ? Vous ne trouvez pas ? Eh bien, la différence vient du surcroît de demande… d’électricité. Avec la canicule, les climatiseurs ont tourné à plein régime. Entreprises et particuliers vont donc se faire étriller avec leur prochaine facture, mais l’honneur industriel des Yankees est sauf. Au moins pour le mois de juin. Et avant correction. Mais dans un mois, qui sait ce que vaudra leur honneur…

La recette du jour

Lièvre à l’aléatoire

Vous aimez le civet de lièvre à la royale mais sa confection demeure pour vous un mystère. C’est normal, si vous n’êtes pas polytechnicien. Jetez dans une grande cocotte les éléments probables de la préparation ; mettez au four à la température que vous aurez tirée aux dés, pour une durée égale aux deux premiers chiffres de votre numéro de téléphone. Si le résultat est décevant, vendez votre cocotte. Dans le cas contraire, sablez le champagne et dînez au restaurant.

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