Le prix de la démocratie

Le prix de la démocratie

Eh bien, il n’est pas au bout de ses peines, le Président américain, dans sa croisade pour la réforme du système financier. Le Sénat a poliment validé le texte proposé par la Maison-Blanche, sans l’avoir complètement esquinté. Reconnaissons-le : c’est une étape importante de la procédure. Mais qui ne peut à ce stade être qualifiée de « grande victoire ». Car il faut maintenant faire voter le Congrès. Et là, c’est une autre paire de manches : au vu du nombre d’amendements déposés, l’examen du texte promet de prendre des allures de guerre de tranchées. Quant au vote final, il consacrera probablement une loi très éloignée des intentions primitives. Car voyez-vous, la plus grande démocratie du monde a institutionnalisé le « lobbying », une sorte de « méthode Assimil » à l’attention exclusive des Représentants. Le principe est simple et efficace : si vous voulez faire comprendre aux élus combien vos intérêts sont affectés par un projet de texte, ou combien ils seraient améliorés par un texte différent, il suffit de faire tomber sur eux une pluie de dollars : par la magie du capitalisme, ou par capillarité, ils pigent illico vos préoccupations. D’autant plus vite si la pluie est torrentielle.

Le lobbying à la sauce yankee, parfaitement légal chez l’Oncle Sam, s’appelle chez nous « corruption » et il est strictement prohibé. Par exemple, lorsqu’il a fallu convaincre l’organe de contrôle des banques, le FASB, de modifier le mode de comptabilisation des actifs toxiques afin que lesdites banques ne fussent pas déclarées capot, l’Association des banques a payé 27 millions de dollars à la Commission spécialisée du Congrès – la liste des bénéficiaires et les montants alloués ont été publiés dans la presse. Et miracle, le Congrès a sommé le FASB de revoir sa copie.

Aujourd’hui que le cartel bancaire s’emploie à dynamiter sa réforme, le Président Obama a fait un appel au peuple, et l’a encouragé à faire un don de façon à pouvoir contrer l’action des lobbies. Le contribuable a déjà été saigné pour payer les frasques des financiers. Lesquels disposent de gros moyens pour s’acheter au Congrès une réglementation favorable à leur racket. Pour les en empêcher, il faut mobiliser beaucoup d’argent auprès des citoyens, afin de mieux faire comprendre aux Représentants où se situe l’intérêt général. Moralité : dans la démocratie à l’Américaine, la loi protège ceux qui paient le mieux le législateur.

La recette du jour

Vessie de veau en lanterne

La vessie est totalement immangeable. Faites-là tremper dans un bouillon où vous aurez fait dissoudre vos économies présentes et à venir. Si le bouillon est bien corsé, votre vessie se transformera en lanterne. Elle n’en sera pas plus consommable pour autant, mais au moins vous aurez une lueur d’espoir sur vos repas futurs.

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