Les avionneurs sur (...)

Les avionneurs sur un nuage

Comment çà, vous n’êtes pas à Farnborough ? M’enfin, tout le monde est là-bas. Pas pour visiter le mausolée de Napoléon III, qui distingue l’abbaye de la ville, mais pour participer au célèbre salon aéronautique des années paires – les impaires, c’est au Bourget. Tout le gratin professionnel est bien sûr présent à la manifestation, comme si les avions ne s’achetaient qu’un jour de l’année. Qu’il y ait une saison pour le marché aux truffes, on le comprend ; mais pour les machines volantes, c’est un peu déroutant. En tout cas, un tel Salon donne l’occasion aux ténors – Boeing et Airbus – de plastronner en affichant le compteur de leurs commandes : à la fin de la journée d’hier, l’Américain distançait légèrement l’Européen, avec un volume de commandes de 12 milliards de dollars. Enfin, d’intentions de commandes : un Salon, c’est un peu un téléthon. On le voit, le match est serré : il faudra peut-être tirer des penalties pour les départager.

Mais qui donc achète des avions avec une telle frénésie ? La plupart des compagnies aériennes sont mal en point et ce ne sont pas les fumées volcaniques ou les grèves d’aiguilleurs qui arrangent leurs comptes d’exploitation. En fait, ce sont les loueurs qui commandent à livre ouvert. Car ils anticipent un rebond de l’activité, bien que la reprise n’ait pas encore montré le bout de son nez. Peut-on faire confiance aux pythies de Farnborough ? Eh bien, faites comme vous le sentez, mais sachez que lesdits loueurs sont des financiers. Après avoir financé les maisons, les caravanes, les études, les bagnoles et le caddy d’Américains insolvables, avec le succès que l’on connaît, voilà qu’ils jettent leur dévolu sur les compagnies aériennes décavées. Notamment le loueur récemment créé Air Lease Corp, dirigé par Steve Udvar-Hazy, celui qui est réputé avoir inventé le métier pour le compte de AIG (le géant américain de l’assurance, qui a pris du plomb dans l’aile avec les acrobaties de ses financiers). Convenons-en : la location d’appareils est un métier qui rapporte gros. Quand les avions sont loués. Et que les clients paient leurs (énormes) factures. Cela fait deux conditions simultanées à la réussite, Steve, OK ? Si elles ne sont pas réunies, les loueurs agressifs comme Air Lease Corp sont promis à un méchant vol plané. Car les arbres ne montent pas jusqu’au ciel quand les avions restent à terre.

La recette du jour

Banquet à la Perrette

Perrette sur sa tête ayant un Pot au lait

Bien posé sur un coussinet,

Prétendait arriver sans encombre à la ville (…)

Puisque vous connaissez la suite, n’attendez pas les bénéfices sur vos actions Air Lease Corp pour financer le banquet de fin d’année avec vos anciens camarades de lycée. Autant décommander tout de suite les invités.

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