Pitié pour les milliardair

Pitié pour les milliardaires

Si vous êtes milliardaire, vous connaissez bien le problème : la vie n’est pas rose tous les jours. Parce que tout le monde en veut à votre argent. Vous êtes encore plus démuni si vous n’avez rien fait pour devenir riche et que votre fortune résulte de la malédiction de l’héritage. Alors, vous devez vous protéger des tapeurs impénitents, d’une progéniture impatiente de palper le magot et du fisc qui se tient en embuscade. Pas d’autre solution que d’engager une armada de juristes, de gestionnaires, de porte-parole, de gardes du corps et de missi dominici, en plus des secrétaires et du personnel de maison nécessaires pour recevoir tout ce monde, écouter aux portes et cafter au premier venu. Bref, quand vous prenez de l’âge et qu’il vous arrive d’avoir quelques absences, peut-on vous reprocher d’avoir oublié les quelques tirelires que vous avez planquées sous la pile de draps, dans le congélateur, en Suisse ou à Tombouctou ? Que celui qui n’a jamais rien oublié vous jette la première pierre.

Et puis, rien ni personne ne peut vous interdire de fréquenter les gens de votre quartier. Si vous avez choisi d’habiter Neuilly, par exemple, vous ne voisinez avec aucun tourneur de chez Renault, aucune dentellière du Sentier ni caissière de supermarché. Est-ce de votre faute si tous ces gens préfèrent s’encanailler dans les banlieues bariolées ? Il faut donc vous rabattre sur la compagnie des chefs d’entreprise du CAC 40, des artistes-photographes de salon, des cardinaux télévisuels et des ministres de la République. Un vrai calvaire. Et pour qu’ils débarrassent le plancher, vous êtes bien obligé de leur offrir un petit quelque chose : même les pauvres le font. Voilà pourquoi il n’est pas nécessaire de vous défendre en dévoilant que vous avez payé 400 millions d’impôts divers en… 10 ans. Car même sans avoir le Francis Lefebvre fiscal à portée de main, chacun peut aisément calculer que, eu égard à votre fortune et aux revenus qu’elle génère, 40 millions d’impôts annuels, ça n’est vraiment pas bésef. On pourrait alors vous soupçonner d’avoir fait forger un super-bouclier ailleurs que chez Vulcain. Et pour vous avoir suggéré une argumentation aussi misérable, vos conseillers pourraient être accusés de ramollir dangereusement du yaourt. Vu ce qu’ils vous coûtent, ce serait fâcheux.

La recette du jour

Laitage à la fortune du pot

Laissez faisander les ingrédients nécessaires dans les endroits les plus improbables. Si votre cuisinier finit quand même par les découvrir, réunissez-les dans un faitout bien de chez nous et ajoutez un peu de présure fiscale (pas trop). Le résultat ne devrait pas être très convaincant : avouez alors publiquement que vous êtes ramolli du yaourt.

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