Scènes de ménage

Scènes de ménage

Chacun sait qu’il n’est pas toujours facile d’établir le consensus au sein d’un couple. Alors évidemment, dans un ménage à vingt-sept, l’exercice est un véritable marathon. Surtout s’il est question d’argent. Pourtant, les Etats-membres de l’Union ont convolé sous un régime qui ressemble à celui de la participation aux acquêts, ce contrat qui marie la carpe séparatiste et le lapin communautaire : le plus fortuné ne partage son enrichissement que dans le long terme keynésien (quand il est mort) et il a le temps de planquer ses sous pour ne rien décaisser en cas de divorce. Une bonne martingale contre le risque d’épouser un panier-percé.

L’Allemagne rêvait de répudier la Grèce pour son incontinence dépensière. La séparation aurait certes mis Athènes sur la paille, mais avec la règle de compensation des acquêts, Berlin aurait quand même dû cracher (durablement) au bassinet. Donc, quitte à ce que cela coûte un peu, et pour empêcher les voisins de jaser et les créanciers de s’énerver, mieux valait conserver l’illusion d’une harmonie ombrageuse, faire chambre à part et cautionner le conjoint auprès de ses banquiers.
Ce n’est cependant pas si simple quand la défiance s’est installée. Pourtant, en un seul week-end, l’Eurogroupe était parvenu à décider de la création d’un méga-fonds de soutien aux conjoints désargentés. Mais depuis lors, les jours et les réunions se succèdent sans que l’on parvienne à le faire fonctionner. Car entre la promesse de caution et la signature effective, il y a des obstacles (notamment parlementaires) difficiles à surmonter. Il reste donc aux autorités à introduire une novation dans l’arsenal juridique européen : créer la société coopérative à solidarité limitée, sous statuts de l’auberge espagnole. Ça ne changerait rien à la situation présente ? Non, bien sûr. Mais on gagnerait bien huit jours de crédit supplémentaire. Par les temps qui courent, ce n’est déjà pas si mal.

La recette du jour

-  Choucroute communautaire

Invitez vos amis européens à une choucroute-party avec participation aux frais (ou aux acquêts, si vous préférez). Si vous êtes Allemand, servez-vous une plâtrée de jarret et de saucisses ; si vous êtes Français, un simple morceau de lard ; les autres n’ont droit qu’à un peu de chou. Sauf les Grecs, qui assurent le service avec les Portugais. Les Anglais se réjouissent de ne pas être invités : ils détestent la choucroute européenne autant que la participation aux frais.

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