Un lifting à 750 milliards

Belle histoire que celle du giga-plan européen destiné à secourir tout membre de la Communauté dans le besoin. Le côté positif, c’est la concrétisation – au moins au stade de l’intention – d’un mécanisme de solidarité entre ses membres, jusqu’alors complètement exclu des traités fondateurs. Sans doute pourra-t-on regretter qu’il ait fallu attendre l’incendie de la maison commune pour que l’on songe à créer une caserne de pompiers. Mais enfin, dit l’adage, mieux vaut tard que jamais.
En foi de quoi les Bourses ont-elles accueilli cette décision avec un enthousiasme proportionnel à leurs angoisses antérieures. Presque 4% sur le Dow Jones, plus de 5% sur le Nasdaq, 14.4% en Espagne et presque 10% pour le CAC 40 ! Avec une hausse spectaculaire, tout particulièrement en Europe, des valeurs financières. Pour une raison simple : en atténuant le risque de défaut des Etats les plus fragiles, ce plan sécurise du même coup les prêteurs, gavés de dettes souveraines et donc cruellement exposés à la détérioration massive de ce papier. Pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris, la santé statistique de l’économie se confond avec la solvabilité bancaire.
Seulement voilà. La dette ne diminue pas. Au contraire : avec une couche de 750 milliards d’euros de plus sur le millefeuille, à contracter ou à garantir par des Etats déjà trop endettés et sujets à des fins de mois difficiles, une amélioration objective – selon les critères de l’analyse financière – ne pourrait apparaître que si les débiteurs se mettaient enfin à alléger leurs créances par… remboursement. Au prix d’un profond rabotage des transferts et d’une méchante hausse des impôts. Donc, au prix d’une récession garantie, voire d’une dépression annoncée.
A ce stade, la seule issue consiste à brûler les dernières cartouches : la monétisation de la dette par la Banque centrale – la voie suivie par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Notre BCE a commencé à stocker quelques wagons de créances fragiles, promises à devenir suspectes avant d’être classées douteuses. Surveillez son bilan : il est promis à l’obésité. Ainsi, le giga-plan de soutien pourrait bien n’être qu’un lifting rustique pour l’euro. D’ailleurs, regardez le cours de l’or : il est revenu dans ses plus hauts historiques à plus de 30.000 euros le kilo. Ce n’est pas vraiment un signe de confiance…
Recette du jour
Bouillon Gargantua

Mettez sur le feu une casserole pleine d’eau. Dès l’ébullition, lisez-lui un passage du Pantagruel de Rabelais narrant le menu ordinaire du héros. Un ton convaincant permettra à votre bouillon de capter les saveurs du banquet (comme les œufs dans un panier de truffes). Servez chaud. Si votre bouillon n’a aucun goût, jetez-le et apprenez le métier d’acteur. Vous ne mangerez pas à votre faim pour autant, mais au moins vous saurez pourquoi.

 Bouillon Gargantua

Mettez sur le feu une casserole pleine d’eau. Dès l’ébullition, lisez-lui un passage du Pantagruel de Rabelais narrant le menu ordinaire du héros. Un ton convaincant permettra à votre bouillon de capter les saveurs du banquet (comme les œufs dans un panier de truffes). Servez chaud. Si votre bouillon n’a aucun goût, jetez-le et apprenez le métier d’acteur. Vous ne mangerez pas à votre faim pour autant, mais au moins vous saurez pourquoi.