Boeuf : sur le gril (...)

Boeuf : sur le gril diplomatique

La Commission européenne se réjouit de l’évolution récente de la réglementation américaine. Non, pas sur la question de l’espionnite, qui de toute façon ne connaît qu’une seule loi : celle du « pas vu, pas pris ». En fait, la petite révolution réglementaire en cours concerne la levée prochaine de l’embargo qui frappe le bœuf européen : son importation aux States est interdite depuis janvier 1998, à la suite de l’épidémie d’ESB, la « maladie de la vache folle » qui avait légitimement affolé les populations et provoqué de multiples conversions au régime végétarien. L’Oncle Sam avait alors imposé des normes sanitaires bien plus strictes que celles recommandées par l’Organisme mondial de santé animale. Il fallait en quelque sorte que les bêtes fussent nées sur le sol américain, de parents yankees, qu’elles eussent été nourries et soignées selon le protocole américain, puis abattues, javélisées et découpées selon le rite américain, avec le souci compassionnel qui a rendu célèbres les abattoirs du Nouveau Monde, et qui a décidé madame Bardot à renoncer définitivement au hamburger. Bref, avec les normes en question, reconnues dans le monde entier comme délibérément protectionnistes, aucun bovin européen ne pouvait se retrouver sur la plateforme bouchère de Chicago.

Cela fait maintenant un bon moment que nos éleveurs ont renoncé à gaver leurs vaches de farines animales, lesquelles sont désormais affectées à la pisciculture – ce pourquoi est en train de naître une nouvelle espèce de saumon meuglant. Un bon moment, donc, que nos viandes sont redevenues saines. Pourtant, les Etats-Unis ont tardé à lever leur embargo, sans doute par respect sourcilleux du principe de précaution. Ou plutôt pour en faire un solide argument de négociation, dans les marchandages byzantins préparatoires au grand accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l’UE, auquel les Américains rêvent depuis longtemps. Car c’est la voie royale pour imposer les normes US au marché européen. En particulier, le… bœuf aux hormones, que le Vieux Continent continue de refuser avec une vertueuse obstination. Un verrou qui pourrait bien sauter, alors que chacun préfère du cheval dans ses lasagnes que des hormones dans son beefsteak. Mais bon, les impératifs du commerce justifient de mettre un mouchoir pudique sur les principes sanitaires. Quand l’UE envisagera de passer un accord avec la Chine, il lui faudra sans doute accepter les barquettes de chien en daube ou les brochettes de chat, encore que d’honorables Chinois s’opposent manu militari à l’exploitation gastronomique des animaux de compagnie. Une pratique que la mondialisation pourrait bien avoir implantée à Fontainebleau : un quartier de la ville est confronté à la disparition mystérieuse des matous. Un serial cat killer ?

La recette du jour

Négociations à la massue

Vous savez devoir être confronté à des négociations difficiles dans vos affaires. Prenez les devants en imposant à vos contractants des conditions arbitraires, féroces et illégales. Ils finiront par craquer les premiers et vous ramasserez la mise. Si vous ne maîtrisez pas la méthode, faites un stage dans l’administration des douanes américaines. Elle est au top.

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