Bons baisers de Sochi

Bons baisers de Sochi

Votre billettiste a de la chance : il a été promu correspondant à Sochi (prononcez ????) pendant toute la durée des Jeux. Pas pour sa science des disciplines sportives, ni pour sa pratique courante de la langue russe (de toute façon, les autochtones ont un accent à couper au pic à glace). L’avantage comparatif de votre serviteur, c’est d’avoir une masse plutôt imposante et le centre de gravité assez bas, deux atouts décisifs pour tester la descente des pistes à fond les grelots (voir ici sa glisse sur la piste de slopestyle, en mode pépère pour ne pas affoler son assureur). Comme vous pouvez le constater, les pistes sont super-cool et correctement enneigées, en dépit d’une météo toute printanière. Et l’on se sent partout en sécurité, vu que l’on croise autant de militaires en armes que dans un camp d’entraînement.

Ceci pour nuancer les propos fielleux que dispense sans compter la presse occidentale. Les journalistes déplorent les finitions de leur hôtel – ou plutôt l’absence de finitions –, ce qui était largement anticipé par les prévisionnistes des travaux publics. Le plus étonnant est que tous les bâtiments aient été (presque) achevés à temps, compte tenu de la dimension pharaonique du chantier. Tous les commentateurs ont fait les gorges chaudes des toilettes à deux places, qui témoignent pourtant de la légendaire convivialité russe. Et les plus mesquins ont cédé à la facilité en soupçonnant un niveau inégalé de corruption dans ces travaux ; mais un énorme chantier public sans corruption, c’est comme une soupe sans moustaches. En Russie comme ailleurs. Bref, il faudra que les performances des participants soient spectaculaires pour que l’on parle enfin de sport, au lieu de s’adonner au Putin bashing, qui est jusqu’à maintenant la discipline maîtresse des Jeux de Sochi. A lire autant de propos hargneux contre lui, on finit par nourrir de la sympathie pour le président de la Fédération de Russie, qui pourtant ne consent aucun effort pour inspirer de l’affection à ses contemporains. Personne ne l’a jamais vu sourire, pas même sa nourrice lorsqu’il était enfant. Ou si quelqu’un l’a vu, il doit croupir à vie en Sibérie : pour mériter son fauteuil au Kremlin, mieux vaut ne pas afficher un tempérament badin.

La recette du jour

Glisse olympique

Votre niveau de skieur est trop faible pour prétendre à une participation olympique. Essayez-vous au slopestyle ou au half-pipe, des disciplines à peine plus dangereuses que celle de gladiateur. Si ça vous flanque la pétoche, tâtez plutôt du curling : c’est moins risqué, sauf à prendre la pierre sur le pied (19,96 kg).

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