Bourse : l'écotaxe en (...)

Bourse : l’écotaxe en baisse

Votre portefeuille-titres se requinque ? Tant mieux. C’est la deuxième moitié de la bonne nouvelle du moment pour les placements boursiers. La première étant que le projet de ponctions rétroactives sur les PEA a finalement été abandonné. On va donc pouvoir s’offrir un supplément de 15,5% de dinde à Noël – ce qui n’est pas nécessairement une perspective réjouissante pour les palais délicats. Une plus grosse portion de cet étouffe-chrétien, sous réserve que l’écotaxe ne vienne pas renchérir la dinde bretonne dans la même proportion que la colère des exploitants. Laquelle est très caractéristique du confusionnisme ambiant : alors que tout le monde déplore les conséquences calamiteuses du productivisme forcené dans l’agroalimentaire – dégâts environnementaux, produits frelatés et acteurs de la filière sinistrés –, toute tentative de remédier à la situation provoque une levée de boucliers. L’écotaxe est pourtant une bonne idée, s’agissant de brider le transport routier (qui pollue l’air et la circulation, et dézingue les routes), de favoriser des modes de transport plus écolos et d’encourager la production locale, moins industrielle et à ce titre potentiellement plus saine. Ne rien changer, c’est laisser producteurs et transporteurs se ruiner à petit feu, tout en encourageant l’empoisonnement du pékin par l’air qu’il respire et la nourriture qu’il ingère. Si bien que la chienlit ambiante ressemble à une puissante revendication pour le droit au suicide collectif. Il est décidément difficile de comprendre le comportement de l’espèce humaine…

Ce qui était hier une évidence criante devient aujourd’hui une hérésie assassine. Et vice versa. Un peu comme le sentiment dominant sur les marchés financiers. Pour en revenir à votre portefeuille, savez-vous qui a réalisé la meilleure performance sur les douze derniers mois ? Des gestionnaires grecs, figurez-vous. Grâce à des emprunts grecs. Ils ont plus que doublé la valeur de leurs actifs, ce qui n’est pas un moindre exploit avec un portefeuille obligataire. Mais il est vrai que les cours de la dette souveraine hellénique ont tellement joué au yo-yo que les spéculateurs téméraires, et chanceux, ont pu réaliser de véritables cartons. Les mêmes sont maintenant confrontés au risque de prendre une purge homérique avec leurs bons du Trésor grec. Car l’optimisme du moment repose sur cette croyance : le retour à meilleure fortune d’Athènes. Ce qui est une dangereuse illusion. Aussi dangereuse que la perpétuation du modèle agroalimentaire français, qui est à l’agonie. Sur ce, on vous laisse : il nous faut apprêter une poule faisane pour le déjeuner. C’est autrement plus sympa que la dinde de batterie.

La recette du jour

Dinde en stop

Vous êtes sensibilisé au désastre de notre secteur agroalimentaire et vous voulez contribuer à l’émergence d’un monde meilleur. Commandez dès ce jour votre dinde de Noël. Et exigez qu’elle vienne en auto-stop depuis sa Bretagne natale jusque chez votre volailler. Vous favoriserez le développement du covoiturage écologique et vous squeezerez l’écotaxe.

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