Bourses : vers le big

Bourses : vers le big crunch ?

Ah ! les procédures. Voilà un sujet qui passionne depuis toujours l’univers de l’entreprise. Celui qui permet de résoudre la difficile équation entre l’efficacité du travail et le contrôle des opérations ; qui sécurise le pouvoir de direction sans étouffer l’outil sous la bureaucratie ; qui vise en somme à maîtriser la performance. Nul doute que ces préoccupations soient capitales, de la PME à la multinationale : chacun comprend que le fonctionnement optimal d’un organisme complexe s’accommode mal de la chienlit. Il est donc nécessaire de contrarier l’entropie naturelle du système, afin d’éviter que son énergie ne soit dilapidée. Voilà pourquoi ces questions sont devenues obsessionnelles dans les grandes firmes, dont le métier principal consiste désormais à développer les technologies de l’organisation. Qu’elles aient pour alibi de fabriquer des chars d’assaut, du soda, des médicaments ou des services financiers, leur premier job consiste à produire de la norme.

Voilà qui explique sans doute la récente fusion des plateformes Nyse Euronext (qui pilote les places de New York, Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne) et Deutsche Börse, l’opérateur de la Bourse de Francfort. Voilà maintenant des lustres que les titres ont été dématérialisés et que les Bourses n’échangent plus physiquement des liasses d’actions ou d’obligations, mais de simples bits numériques. Dans ce contexte, on se demande bien à quoi peut servir cette concentration des places financières, cette unification des « marchés » en tant que lieu d’échange, puisqu’il suffit d’une connexion informatique pour accéder de l’un à l’autre. La principale motivation est sans doute celle d’imposer sa propre norme et de là de conditionner… la réglementation. Lorsque le réseau routier a été conçu pour des automobilistes roulant à gauche, allez donc essayer de les obliger à rouler à droite : un sacré pataquès. Cette concentration des plateformes boursières rapproche la finance de l’astrophysique, en créant des trous noirs dont la puissante gravité attire et absorbe tout ce qui les entoure. Après le big bang boursier d’antan, salué comme le printemps des échanges financiers, désormais libérés des entraves réglementaires, voici que point l’hiver de l’état de nature hobbesien qui conduit au big crunch – la réduction du tout à presque rien. On croyait pourtant admis que la diversité constituait une condition essentielle à la survie des espèces…

La recette du jour

Carpolapin à la financière

Vous avez compris que le monde aspire à une alimentation light et médicalement correcte. Tant mieux, vous êtes cuniculteur. Mais certains s’obstinent à consommer du poisson. Croisez vos lapins avec des carpes, brevetez le monstre obtenu et imposez-le sur toute la planète. Quand votre carpolapin disparaîtra par usure génétique, le monde mourra de faim. Mais vous serez riche.

deconnecte